critiqué par Killeur.extreme, le 16 juillet 2019
(Genève - 43 ans)

La note: étoiles

L'amour peut tuer ou sauver

Quatrième couverture / résumé
Amaury et Madeleine s’aiment et projettent de se marier ; mais au moment où le bonheur semble tout proche, la maladie frappe et les sépare irrévocablement. Comment survivre à une telle épreuve ? Après la douleur et la révolte viendra le retour à la vie : Amaury marque la fin d’un certain modèle romantique épris d’absolu. Paru en 1844, ce texte, antérieur aux Trois Mousquetaires, fait partie des premiers essais de Dumas romancier. Totalement oublié depuis plus d’un siècle, il mérite de retrouver sa place parmi les chefs-d’oeuvre du roman sentimental.

Avis :
Quand on pense à Alexandre Dumas ce qui vient en tête c'est plutôt les romans historiques, de capes et d'épées et d'aventures, même si il y mêle des histoires sentimentales, ce n'est pas le côté qui ressort le premier, "Amaury" est un des exemples de roman sentimental que Dumas a écrit.

Il raconte l'histoire d'amour entre Amaury et Madeleine, fille du docteur d'Avrigny qui fut le tuteur d'Amaury, si celui-ci n'approuve pas au début cette passion, il est bien obligé de reconnaître que les sentiments d'Amaury sont sincères et que Madeleine les partage. Seule ombre au tableau Madeleine est malade et cette passion peut soit la sauver ou la tuer prématurément si les amants ne suivent pas les conseils du docteur d'Avrigny. De plus, Madeleine est jalouse de sa cousine Antoinette, elle aussi recueillie par d'Avrigny, qui elle est en bonne santé et si elle a des sentiments pour Amaury elle aime Madeleine et fait tout pour son bonheur quitte à accepter cette "haine" exacerbée par la maladie et à s'éloigner du couple pour ne plus être un obstacle à leur amour.

Dumas a écrit ce roman en collaboration avec Paul Meurice et cette édition d’Anne-Marie Callet-Bianco, dans son dossier, donne bien la part de travail de chacun, Meurice apporte à Dumas un roman achevé, ou en tout cas bien avancé, et Dumas y fait les changements qu'il juge nécessaires là où quand il travaille avec d'autres collaborateurs soit il tire d'une idée un roman complet soit le collaborateur, après un échange avec Dumas, écrit une première version que celui-ci reprend avec son style, ses dialogues et son sens du récit. Dans "Amaury" Paul Meurice semble avoir une place plus importante même si Anne-Marie Callet-Bianco dit qu'il ne faut pas non plus minimiser le rôle de Dumas dans la rédaction du récit, comme le font certains pamphlétaires, par exemple le récit dans le manuscrit de Meurice se base sur les journaux d'Amaury et du docteur d'Avrigny alors que Dumas y ajoute des passages à la troisième personne, Dumas donne aussi une plus grande importance à la maladie montrant son évolution, il développe aussi certains personnages plus que Meurice.

Si j'ai attendu avant de lire ce roman c'est que son côté sentimental dramatique me faisait peur, mais je crois l'avoir lu dans une bonne période où j'étais un peu saturé par les romans d'aventures, j'ai bien aimé l'évolution du récit et des personnages, leurs réactions face à la maladie de Madeleine entre lutte espoir et résignation et comment selon son âge on vit la disparition d'un proche et le récit a quelques touches d'humour qui le rendent plus léger, même si j'ai trouvé que la fin se traînait un peu.

Ce n'est pas le roman que je conseillerais pour découvrir Dumas, mais plutôt pour voir une facette moins connue de son travail. À noter que le docteur d'Avrigny a un rôle important dans le "Comte de Monte-Cristo" et il y fait quelques allusions à la maladie de Madeleine.