Le maître d'armes
de Alexandre Dumas

critiqué par Jfp, le 5 août 2020
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
bienvenue chez les tsars
Notre Alexandre Dumas national est bien connu pour ses romans se rattachant à l’histoire de France, contemporaine et lointaine, beaucoup moins pour ses quelques romans "de voyage", auxquels appartient "Le maître d’armes". L’histoire est simple, pauvre en rebondissements malgré un titre promettant des aventures de cape et d’épée à la manière des célèbres "Trois mousquetaires". Mais l’intérêt de ce récit, où le héros du titre ne sert que de narrateur, réside dans une reconstitution haute en couleurs d’une part de l’histoire de la Russie assez mal connue, allant de la calamiteuse campagne de Russie, sonnant le glas de l’épopée napoléonienne, à la répression de l’insurrection décembriste de 1825 qui visait à instaurer la république. On se passionne pour ces personnages passionnés, mettant tout leur courage au service d’une cause qu’ils savent perdue d’avance et pour laquelle ils sont prêts à mourir (et à souffrir). On se passionne surtout pour la pauvre Louise, qui s’est dépouillée de sa maigre fortune et va devoir affronter le terrible hiver russe pour rejoindre le père de son enfant, exilé au fin fond de la Sibérie. Quelques morceaux de bravoure ponctuent le récit, tel l’incendie de Moscou ou bien encore la bataille contre les loups, mais l’intérêt de ce roman, qui tient le lecteur en haleine de la première à la dernière page, réside dans l’art de nous conter la "grande" histoire à partir des faits et gestes au quotidien de quelques personnages-clés auxquels on ne peut que s’attacher. Un sacré bon moment de lecture…