Hollywood de Charles Bukowski

Hollywood de Charles Bukowski
(Hollywood)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par AmauryWatremez, le 4 février 2014 (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans)
La note : 8 étoiles
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Tristes miroirs aux alouettes

Je te préviens tout de suite lecteur indulgent et patient, ou déjà exaspéré, je vais faire comme d'habitude, n'en faire qu'à ma tête, à savoir surtout évoquer ce qui plaît chez cet écrivain et que l'on retrouve dans le bouquin qui m'a donné envie d'écrire ce petit billet, et en tirer des conclusions parfaitement subjectives. C'est le propre de la littérature me diras-tu, d'apprendre à construire sa propre subjectivité. Cela dit, je tiens à préciser qu'elle est très éloignée de moi l'idée de me prendre pour un écrivain, voire même pour un littérateur.



Bukowski a écrit un livre sorti en 1990, « Hollywood », réédité aux « cahiers rouges » par Grasset, sur le tournage de « Barfly » avec Mickey Rourke et Faye Dunaway, grand film malade réalisé par Barbet Schroeder, un des rares films du premier, Rourke, qui surnage encore dans sa filmographie. Le film raconte l'errance d'Henry Chinaski, l'alter-ego littéraire de l'écrivain. Son œuvre montre également que la littérature américaine, beaucoup mieux que la française, a su évoquer les tribulations de « losers », parfois magnifiques, ainsi dans les romans de genre de Chandler ou Hammett, de personnages en marge. En France, l'on s'attache surtout au pathétique, ou à faire de ces « losers » des archétypes utiles pour une démonstration politique. Il n'y a guère qu'Antoine Blondin et quelques autres pour savoir en parler, dont Manchette ou ADG pour des livres qui ont plus mauvais genre.



Dans « Hollywood » il fait plus que se contenter de l'habituelle démystification de l'industrie du divertissement qui devient un lieu commun à force d'être utilisée comme ficelle de nombreux livres qui sont la plupart du temps des ragots et commérages de concierges du « show biz » déçus de n'avoir pas été reconnus à leur « juste » valeur ou tout simplement aigris, et paradoxalement fascinés par ce qu'ils prétendent railler. « Buk » sait bien que la plupart de ses vaniteux, de ses égocentriques sont tout simplement comme lui des êtres humains souvent pitoyables, parfois grandioses, qu'une fois cela admis, le « miroir aux alouettes » des hauteurs de Burbank n'impressionne plus vraiment.



C'était un « vieux dégueulasse », un alcoolo de première qui sur le plateau d' « Apostrophes », applaudi par les techniciens, ridiculisa définitivement Cavanna -Paix à ses cendres !- dans son rôle habituel de papy anarchiste en charentaises. C'était une manière de « travail du négatif » de se « griller » définitivement auprès des arbitres des élégances littéraires et des critiques « trou-du-cul pompeux ». D'un certain point de vue, de qui faut-il se faire bien voir ? Des paumés, des exclus, des ostracisés, des laissés pour compte ou du troupeau repu satisfait de son esclavage ?



A sa décharge, tu conviendras, ami lecteur que le mélange « muscadet-projecteurs » fait mal aux cheveux….



(toujours éviter les « mélanges », toujours alterner avec du « rince cochons »...)



Et il avait l'habitude du mépris étroit des bourgeois, des ilotes, le subissant depuis son enfance. Sous la coupe d'un père brutal, il souffrait également d'acné chronique à tel point qu'il a dû être hospitalisé plusieurs mois d'affilée. Les bonnes dames bourgeoises qui parfois se piquent de charité ne pouvaient pas le regarder en face, ne supportant que des pauvres qui aient bon genre, ce qui n'a guère changé. Il a alors très vite fait le tri entre les grandes personnes pour qui son acné était un problème pour l'aimer et les autres, beaucoup plus rares. Il écrivait déjà avant et a continué ensuite, noircissant chaque jour des pages entières des nuits entières, oubliant son métier de facteur, le tri postal, la pauvreté et la bassesse d'un monde incapable d'aider les plus pauvres, les plus blessés avec l'aide des mots, et quand ça ne suffisait pas, de l'alcool. Il a été reconnu alors qu'il atteignait la cinquantaine, voilà qui laissé de l'espoir à de nombreux génies méconnus d'internet et d'ailleurs !



Bukowski est maintenant « l'oncle de l'enfer » de nombreux apprentis écrivains et auteurs confirmés, beaucoup de petits garçons finalement très sages parmi eux, qui auraient bien aimé avoir la liberté de ton et de comportement de « Buk » et son succès auprès des femmes car le bougre les collectionnait, avec tendresse, indulgence et patience, souffrant de violents chagrins d'amour lorsqu'elles le quittaient, retrouvant dans la journée une dulcinée convenable. Ces jeunes gens bien élevés mousse et pampre rêvent de se conduire de manière aussi cavalière avec les dames et de boire sec, comme des hommes, des vrais, et n'ont pas vraiment lu profondément ses livres et chroniques.

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