La tête contre les murs
de Hervé Bazin

critiqué par Lolita, le 15 septembre 2002
(Bormes les mimosas - 38 ans)


La note:  étoiles
La déroute psychologique d'une famille...
L'histoire commence lorsqu'Arthur Gérane, rentre chez lui après plusieurs années d’absence dans le but de voler la voiture de son père... S'enfuyant avec celle-ci, il ne voit pas le sapin en travers de la route, c'est l'accident...
Il ouvre les yeux quelques jours plus tard et se retrouve dans une salle toute blanche dénuée de meuble, dont il croit être une infirmerie. En vérité, son père Robert Gérane, las depuis plusieurs années de ses "conneries" a décidé sur les conseils d'un médecin de le faire interner dans une maison de santé... Car paraît-il, Arthur est détraqué...
A partir de ce moment là, ce ne sera la suite que d'escapades, d'évasions, suivies à chaque fois d'un réinternement... de plus en plus difficile pour Arthur, ce grand adolescent casse-cou, qui ne présente pourtant aucune "anomalie psychologique"... De la maison de santé, il en arrive à l'asile, interné dans des conditions difficiles, il y apprend que sa soeur, vient également d'être internée. Arthur se pose de plus en plus de questions mais finalement ne se préoccupe pas tant des réponses.. Il vit. Un point c'est tout....
Je trouve que c'est une histoire très intéressante à lire, qui nous prend pages après pages... C'est captivant... Hervé Bazin aborde ici un sujet délicat dont il en a connu l'expérience plus jeune, car comme toujours Bazin se sert de son expérience....
En tout cas, on ne sait plus où on en est!! Doit-on croire qu'Arthur est vraiment un "fou", ou est-ce seulement un jeune un peu turbulent, casse-cou, un peu comme les petits jeunes de notre époque qui se la jouent racailles mais ne feraient pas de mal à une mouche?
On est tour à tour pris de pitié, de compassion, d'amitié mais aussi de révolte, on a envie de lui crier : "fais attention, ne fais pas ça... Reste là, plutôt..."
Un court extrait :
"Comme ça, ricana Jacques, ils sont forcés de rester tranquilles. ça pisse, ça chie, ça tricote des pattes là-dessous... Aucune importance! Au bout de trois heures, ils ne pensent qu'à dormir.
- Pas toujours, grogna le chef-baigneur. Regarde cette andouille au 6. Voilà deux toiles qu'il me fait sauter. J'ai été obligé de lui ficeler les pieds. Monsieur n'aime pas l'eau : ça le change trop de ses habitudes... Toi, la Flemme, rhabille le 9 : il a son compte." Tandis que l'auxiliaire détachait son homme, Arthur restait figé sur place devant le "6". Lui au moins avait la gueule de l'emploi, la gueule traditionnelle, convulsée, osseuse, trouée de cris, sertie d'yeux blancs qui roulaient chacun pour leur compte.
"En voilà un qui n'est pas sorti ! murmura-t-il. - Qu'en savez-vous? reprit le chef. Il sera peut-être sorti avant vous. Les éthyliques, une fois désintoxiqués, deviennent des moutons. Il est vrai qu'ils ne restent jamais longtemps dehors. Qui a bu boira.
- La cabine est prête pour la pavillon, cria un auxiliaire."
Itinéraire d'un fou 7 étoiles

Après quatre années d’escapades, Arthur revient dans la maison familiale dans le but de voler son père pour le punir d’être un bourgeois. Mais son adresse de monte-en-l’air est aussi inexistante que sa capacité à penser aux conséquences de ses actes et il écrase la voiture patriarcale dans le premier arbre venu alors que, ricanant du bon coup qu’il est en train de faire, il roule à tombeau ouvert vers la sortie de la propriété. C’est à l’hôpital psychiatrique de Sainte-Anne qu’il se réveille, son premier pas dans la longue série d’asiles qu’il fréquentera le restant de sa vie.

L’histoire est contée principalement du point de vue d’Arthur, même si le récit n’est pas rapporté à la première personne, si bien qu’on ne comprend pas le degré de folie de ce fils maudit, issu, de par sa mère, d’une longue lignée de fous. Inconséquence, peut-être un premier degré de schizophrénie, le texte ne précise pas de quelle maladie souffre la famille, tare transmise de générations honteuses en générations malheureuses.

J’avoue avoir eu de mal à lire cet ouvrage, pourtant remarquablement écrit et truffé de cynisme comme Hervé Bazin sait si bien le faire. Je l’ai trouvé long et il ne m’a pas passionnée.

Antinea - anefera@laposte.net - 45 ans - 8 janvier 2012


Bazin ?... 6 étoiles

J'ai bien aimé le Bazin de "Vipère au poing" de "Qui j'ose aimer" et des bienheureux de la désolation". Mais ma vie d'adolescent, puis de jeune homme, a fait que j'ai été très impliqué moi-même dans des histoires comme celles racontées dans les deux premiers. Cela a aidé évidement. Pour le reste j'ai un peu abandonné Bazin, le trouvant agréable à lire, mais sans grande profondeur. Distrayant, mais par trop autobiographique aussi... Folcoche grand-mère etc.
Ma cote est pour l'auteur, pas pour le livre.

Jules - Bruxelles - 80 ans - 15 septembre 2002