Gaza 1956, en marge de l'histoire
de Joe Sacco

critiqué par Maxrun, le 22 février 2012
( - 45 ans)


La note:  étoiles
Talent journalistique indéniable !
6 ans de travail, plus de 400 pages, pour mettre au jour un massacre perpétré par l'armée israélienne sur la population de Gaza, en 1956, et que l'Histoire a tout fait pour oublier. Hautement considéré par ses pairs auteurs, les médias et ses lecteurs du monde entier, Sacco poursuit son engagement sincère, courageux, âpre, rigoureux et nécessaire. Son oeuvre est une charge explosive qui a fait voler en éclats les limites de la bande dessinée. C'est lors d'un reportage pour le magazine «Harper's» en 2001, que Joe Sacco se remémore une brève citation, une note de bas de page, lue dans un rapport de l'ONU. Elle parlait d'un massacre de près de 275 civils, perpétré par l'armée israélienne à Khan Younis et d'une dizaine d'autres à Rafah, ville voisine, en 1956. Difficile à croire, alors entre novembre 2002 et mai 2003, le dessinateur reporter se rend à trois reprises sur le terrain, afin d'établir la véracité de cette tragédie et embarque le lecteur à la recherche de traces du massacre.

Joe Sacco est un des derniers auteurs à mêler avec brio journalisme et bande dessinée. Sans partie pris, il va dépeindre avec précision cet événement méconnu de 1956. Mais, à force de découvrir certaines vérités sur le passé de ces événements, Joe Sacco se livre à une véritable photographie des problèmes actuels entre israélien et palestiniens.
Passionnant, touchant et parfaitement maitrisé, GAZA 1956 est une des grandes réussites BD de ces dernières années.
Hier et aujourd'hui ... 9 étoiles

Joe Sacco part dans la bande de Gaza en reportage ; son but : enquêter sur les évènements de 1956 à Khan-Younis et à Raffah, évènements dont il a trouvé trace dans une notice de bas de page.
La BD qui en résulte comporte 2 niveaux de récit : nous assistons en direct à l’enquête de Joe Sacco, ses déplacements, ses rencontres, sa vie au quotidien dans la bande de Gaza encore affectée par le conflit ; d’autre part, nous découvrons les massacres de 1956 à travers divers témoignages recueillis par l’auteur.
Le récit n’est pas linéaire, il se construit au fil des démarches de l’auteur pour faire la lumière sur ces faits.
Le graphisme est varié, l’auteur développant son propos au travers de mises en page adaptées ; ainsi, les témoignages s’accompagnent de portraits évoquant les portraits-robots ; les scènes de violence sont traduites par un dessin au trait hachuré, à la mise en page éclatée. Pages après pages, nous découvrons le talent de l’auteur à mettre le graphisme au service du récit.

Bafie - - 63 ans - 9 décembre 2014