Sous l'entonnoir
de Sibylline (Scénario), Natacha Sicaud (Dessin)

critiqué par Shelton, le 24 février 2012
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Voyage au coeur de l'humain
Je pourrais commencer cette chronique par un cinglant « Bienvenus chez les fous ! ». Oui, je sais que cela vous pousserait à prendre vos jambes à votre cou et vous détaleriez aussi vite que vous le pourriez ! Qui a véritablement envie de se retrouver la tête coincée sous un entonnoir ? Pourtant, Sibylline, la scénariste de cet album, nous invite à entrer dans un hôpital psychiatrique en sa compagnie puisque cette histoire, c’est la sienne…

Tout d’abord, précisons bien qu’il ne s’agit en aucun cas d’un ouvrage larmoyant et triste, ni d’un journal intime qui reprendrait, jour après jour, la vie quotidienne d’une adolescente dans un HP… Non, c’est beaucoup plus complexe que cela. Avec ce récit, Sibylline et son illustratrice, Natacha Sicaud, nous font rencontrer des personnes. Oui, je crois que ce livre est avant tout une galerie de portraits, une série de rencontres, qui, effectivement, ont bien pour cadre un hôpital psychiatrique.

On commence par la narratrice, bien sûr, qui va perdre sa maman, qui va vouloir, un jour de désespoir, la rejoindre plus vite que prévu. Mais tout cela est raconté en petits flashs, pas avec regrets, tristesse ou je ne sais quel sentiment. Non, c’est ainsi, tout simplement. Un jour, sa maman n’était plus là pour la coiffer avant de danser… et elle avait sept ans !

A partir du moment où elle entre dans l’HP, nous n’avons que des petites séquences, pas nécessairement dans un ordre chronologique, mais qui sont autant de souvenirs, d’images, que Sibylline garde en elle…

La narration graphique est parfaite pour un tel ouvrage. Elle non plus n’est ni larmoyante, ni réaliste, ni dramatique. Les dessins permettent de rencontrer les personnes, de se fixer sur des regards, des gestes, des mots qui viennent illustrer le ressenti de Sibylline.

Je n’irai pas jusqu’à affirmer que l’ouvrage est léger, drôle et comique car ce n’est pas du tout le cas. Mais il n’est de toute évidence ni pathologique ni psychiatrique. Il est humain, tout simplement !

J’ai adoré cette lecture simple qui nous donne à réfléchir sur la vie, sur l’humain, sur l’autre… sans à priori, sans cliché, sans tristesse, juste un peu d’humanisme.

C’est ce type d’ouvrages que l’on est heureux de trouver dans cette collection Mirages, des récits qui ne sont ni prétentieux ni moralisateurs, juste reflets de la vie humaine, celle que nous vivons tous au quotidien, celle bien ordinaire mais bien réelle, la même que Sibylline, finalement…