Lorenzaccio : D'après l'oeuvre d'Alfred de Musset
de Régis Penet

critiqué par Pucksimberg, le 27 février 2012
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
"Lorenzaccio" de Musset revisité par un véritable artiste !
La couverture de la bande dessinée est sombre et sans doute peu séduisante, mais la BD en elle-même est sublime. Ce n'est pas une adaptation classique, mais une relecture du drame romantique d'Alfred de Musset, une réécriture même.

Florence est une ville magnifique qui allie beauté architecturale et décadence. Alexandre de Médicis règne avec malice sur la ville, ne pense qu'à son bonheur et son pouvoir et occupe le peuple par des carnavals afin d'endormir l'esprit des habitants. Il accumule les conquêtes féminines qu'il commande comme l'on commanderait une boisson dans un café, s'entoure d'hommes de réflexion qu'il n'écoute absolument pas alors qu'il entretient une relation trouble avec son cousin Lorenzaccio dont le préfixe péjoratif final oriente le lecteur sur le personnage. Dans cette bande dessinée, Lorenzo a les traits d'une femme, une sexualité ambiguë, incarne la figure de la lâcheté et de la traîtrise, mais il porte souvent un masque, donc qu'en est-il en réalité ?

Les Strozzi sont évincés des hautes sphères du pouvoir, les Républicains grondent, les complots se multiplient, le carnaval brouille les pistes, les femmes sont des objets sensuels irrespectés ... Le lecteur suit avec curiosité le personnage de Lorenzo qui semble marqué par une dualité. De nombreuses planches permettent de plonger dans les pensées profondes du personnage qui cherchera peut-être à se sauver par un geste fatal.

Les scènes de carnaval sont superbes, colorées et fantastiques et ne font que masquer la corruption qui envahit la ville. De plus, cette BD foisonne de détails et d'intrigues secondaires qu'il serait trop long de résumer ici.

Cette bande dessinée est remarquable par sa qualité esthétique et par le fait que Régis Penet connaît l'oeuvre de Musset et cela se ressent à la lecture.