Visions de Macao
de Jean Perron

critiqué par Libris québécis, le 11 mars 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
La Chine à la conquête de Las Vegas
La Chine veut concurrencer Las Vegas. Pour s’y faire, elle a choisi Macao, où elle a fait ériger le Venitian, le plus grand casino du monde. Ce temple du jeu présente des spectacles pour divertir les joueurs ainsi que des rétrospectives de différents artistes, tel le narrateur, un cinéaste invité par Ligeia, une mystérieuse employée du casino, qui a pu apprécier son talent grâce à Internet.

Cette reconnaissance mondiale est entachée sournoisement de velléité. Le narrateur le constate à ses dépens. Il ne peut pas se permettre uniquement de consommer quelques drings au bar. Aux yeux de la direction, c’est un client comme un autre, Il doit jouer. Son refus lui vaut tant de menaces voilées que son séjour se transforme en cauchemar.

Comme Dostoïevski dans Le Joueur, Jean Perron décrit bien l’atmosphère de plaisir du jeu. Son narrateur s’inscrit à faux contre cette obsession de l’argent à l’instar du banquier de Fernando Pessoa. Il réalise tout le mal que sous-tend ce qui ne devrait être qu’un loisir innocent. En fait, c’est la liberté des individus qui est aliénée par les pulsions malsaines qu’exalte l’amour du jeu alors que la pauvreté se cache derrière les monuments qui élèvent l’argent et la réussite sur le pinacle.

L’auteur profite de cette toile pour souligner l’hypocrisie embusquée derrière la politique, la famille et l’art, lesquels se transforment en autant de pièges qui retiennent les imprudents au degré zéro du rien. « Où suis-je vraiment sur la roulette du monde », se demande le héros ?

C’est l’interrogation que lance ce trop court thriller haletant. Les fils de l’intrigue sont tenus bien serrés. L’auteur desserre évidemment ses étaux pour le dénouement. Un dénouement précipité, qui délaisse l’art romanesque au profit du résumé. Bref, il aurait fallu cent pages de plus.