Eloge de l'arbre de François Solesmes

Eloge de l'arbre de François Solesmes

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Eric Eliès, le 12 mars 2012 (Inscrit le 22 décembre 2011, 50 ans)
La note : 9 étoiles
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Eloge de "l'éloge de l'arbre"

Ce livre de François Solesmes se présente comme un long poème en prose de presque 370 pages, évoquant l'arbre dans ses multiples apparences et dans ses métamorphoses. L'écriture est élégante et recherchée mais les phrases, alternant de fréquentes tournures interrogatives et exclamatives, n'ont pas véritablement la musicalité ou la grâce ondoyante du poème en prose (je pense par exemple à Philippe Jaccottet écrivant "A travers un verger"). Il s'agit plus d'une galerie de portraits, très finement évoqués, que d'un véritable poème. Néanmoins, l'absence totale de récit (il n'y a ni intrigue ni progression narrative) fait que ce livre ne peut être, je pense, apprécié que par un public accoutumé à l'écriture poétique. En outre, il contient un extraordinaire catalogue d'images poétiques. Le regard de François Solesmes est tout à la fois celui d'un peintre et d'un poète habité par le démon de l'analogie (notamment avec la mer - la femme est présente mais plus faiblement évoquée), capable de renouveller sans cesse ses images et ses métaphores. De plus, Solesmes ne donne jamais le sentiment de s'appuyer sur des réminiscences : les images qui m'avaient frappé dans d'autres lectures (exemple : l'arbre décrit par Huysmans dans "Là-bas" comme un pénis géant copulant avec la terre, les baobabs d'Henri Michaux, etc.) ne sont pas utilisées par Solesmes.
Ses longues descriptions esquissent des tableaux où la présence de l'arbre dans l'espace et le temps, sa densité de roche et son jaillissement vers le ciel, est peu à peu rendue sensible puis évidente. A petites touches et par longues métaphores filées, sans chercher le grandiose (il n'évoque pas les arbres tels que le sequoia, le baobab ou le figuier étrangleur, qui constituent un extraordinaire spectacle pour celui qui les découvre la 1ère fois) et sans jamais lasser son lecteur (sauf par la précision et la richesse du champ lexical qui oblige à consulter fréquemment le dictionnaire, souvent en vain car le vocabulaire utilisé excède le cadre d'un dictionnaire d'usage - toutes les 2 pages environ, j'ai buté sur un mot que je ne connaissais pas...), Solesmes parvient à dire le réseau des relations complexes entre l'arbre et le monde élémentaire (le ciel, la terre et l'eau) et entre l'arbre et l'homme qui le contemple. Très rares sont les auteurs capables d'un tel tour de force... Ouvrant le livre au hasard, je vous en recopie une strophe de deux phrases caractéristique du style de l'auteur :

" Ceignant le tronc, je hante les menhirs et les statues, et toutes choses obstinées ; je hante l'Idée fixe qui sans fin fortifie son initiale ; mais que je t'envisage en ta floculation, feuillage, et je ne trouve en toi que nuées d'esquisses et de velléités, qu'amas soufflé de points de vue. Tel un amant que rassemble et recueille le bras dont il serre une taille, mais que trouble et disperse la chevelure quand elle oscille parmi propos, sourires et silences "

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