Ma vie balagan de Marceline Loridan-Ivens

Ma vie balagan de Marceline Loridan-Ivens

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par CHALOT, le 28 mars 2012 (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (23 255ème position).
Visites : 3 739 

Bouleversant et humain.


« JE SUIS VIVANTE »

Balaban en hébreu cela veut dire désordre, « la cata ».
« Chacun de nous a un ordre qui pour l'autre paraît un désordre » explique David Zhiran dans une toute petite préface.
L'auteure comme beaucoup d'autres rescapé(e)s des camps d'extermination a attendu très longtemps avant de raconter l'horreur vécue.
Née Rozenberg, Marceline a préféré prendre et garder le nom de son premier mari Loridan avant de l'accoler à celui de son grand amour, Ivens, le cinéaste de renom.
Ce nom était difficile à porter dans cet après guerre au moment où l'antisémitisme était encore très présent.
C'est toute une vie, celle de l'auteure qui est contée dont celle, où adolescente elle est partie de force, de Drancy à Auschwitz-Birkenau dans ces camps de la mort.
Elle nous montre comment là bas, elle a « connu », la peur, l'horreur la souffrance mais aussi la force de la solidarité entre les prisonnières.
« Etre aimée par des copines, dans cette violence terrifiante que nous exprimions toutes,que nous manifestions de différentes façons, en poussant les autres pour survivre... »
Marceline Loridan-Ivens ne cherche pas à rester dans le politiquement correct, elle rappelle comment elle et ses amies juives pouvaient être traitées de « sales juives » par d'autres prisonniers, déportés de droit commun mais aussi politiques.
A la lecture de ce livre émouvant, on comprend pourquoi, républicaine et athée elle reste attachée à ses racines juives où la religion est très présente.
Son désir de retour à cette culture juive d'Europe centrale, en grande parie morte après l'extermination lui est venu lentement :
« ...Il fallait avoir le courage d'être soi-même face aux autres, donc il fallait du temps. »
« Je suis vivante », c'est ce qu'elle crie en montant sur un des miradors lors de la visite qu'elle a rendue au camp bien des années après.
Sa vie est faite de désordres, de souffrances, de rencontres mais aussi d'engagements forts pour des causes justes en des moments où les militants et militantes étaient peu nombreux.
Comme d'autres, elle est passée par la case Parti Communiste sans y rester bien longtemps, non pour passer dans le camp d'en face mais pour mener le même combat sans être prisonnière d'un appareil monolithique.
Elle porte des valises pour le FLN algérien, s'engage pour le droit à l'avortement...
Quand elle rencontre le grand cinéaste Joris Ivens, elle va vivre une histoire d'amour tout en continuant avec d'autres armes le combat politique.
C'est le cinéma qui va les conduire tous les deux au Vietnam au moment où pleuvent les bombes américaines et en Chine, à Pékin au moment de cette révolution culturelle.
Cette petite bonne femme par la taille est une grande dame que la terreur des nazis n'a pas pu détruire. Le hasard l'a préservée de la mort et sa force et son énergie l'ont conduit à rester une femme debout, énergique et combative.
Ce livre, témoignage se dévore littéralement...Les phrases s'enchaînent.
C'est à la fois un roman de réflexion et à la fois un film d'action.

Jean-François Chalot

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7 étoiles

Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 63 ans) - 1 octobre 2018

Bonjour les lecteurs ...
"Balagan" mot d'origine russe signifiant " désordre, bordel".
Elle, c'est Marceline Rozenberg.
Elle, elle est juive, gauchère rouquine et minuscule.
Elle, elle se raconte, de façon balagan
Elle, bien entendu, évoque la déportation, les camps, l'horreur. Mais pas seulement ...
Elle, elle parle aussi de l'avant et de l'après, de sa famille meurtrie.
Elle raconte qu'on n'oublie jamais, que pas un instant ne passe sans qu'on y pense .
Elle, elle a eu du mal à se reconstruire .. y est-elle seulement arrivée ?
Elle, elle s'est affichée pour l'avortement, contre la guerre d'Algérie.
Elle c'est l'éternelle rebelle au caractère bien trempé.
Elle, elle raconte ses souffrances, ses regrets, ses ravages de façon " destroy" , de façon balagan.
Elle qui n'a plus voulu s'appeler Rozenberg, trop dur, trop difficile.
Elle, c'est Marceline qui est partie il y a quelques semaines vers d'autres cieux

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