"L'origine du monde", c'est un tableau de Gustave Courbet qui représente une femme nue dont le sexe, mis en évidence par des jambes écartées, figure au premier plan de manière assez réaliste. Commandé par Khalil Bey, ce tableau, qui se trouve à Orsay, fit longtemps scandale.
Christine Orban a choisi de nous raconter la genèse de cette oeuvre en donnant la parole à sa narratrice, Joanna Hifferman, la maîtresse du peintre Whistler qui devint la muse et la compagne de draps de Gustave Courbet, après que celui-ci lui ait demandé de poser pour lui dans des scènes dénudées. Joanna nous raconte sa relation avec Courbet, comment le tableau a été imaginé et réalisé, qui était Gustave Courbet, comment et pourquoi il peignait...
Grosse déception de ma part pour ce roman que j'ai trouvé terriblement creux. Joanna Hifferman manque de profondeur, c'est une femme superficielle qui se targue de comprendre les hommes et de les analyser, qui parle de la peinture sans grande émotion, qui évoque le sexe avec vacuité, trop préoccupée par le langage cru employé par les maîtresses de Courbet dans leur correspondance avec le maître. Elle n'est pas à sa place et ça se sent. Je regrette que Christine Orban ne lui ait pas donné plus de force, tout ceci se déroule sans accroc, comme un long fleuve tranquille qu'on voudrait faire passer pour tourmenté. Reste la création du mythique tableau, mais même là, aucun déclic, la magie ne fonctionne pas. Raconter la naissance d'une telle oeuvre aurait pu être grandiose et envoûtant, c'est plat et sans vie. Cela regorge de mots oscènes, dont certains frôlent avec la vulgarité et n'apportent rien au récit. L'érotisme peut-être si puissant en littérature lorsqu'il est utilisé à bon escient, ce n'est pas le cas du tout ici.
Sahkti - Genève - 51 ans - 30 novembre 2004 |