A signaler la parution ce mois de cet ouvrage au format poche chez Folio Policiers, sous l'ISBN 207035637X

Quelle lecture!

Balthazar Chacun est orphelin, bébé trouvé quinze ans plus tôt, n'ayant jamais rien appris sur ses origines. Il s'enfuit de la pension à quinze ans, vit de petits boulots puis rencontre Helga, nièce d'un cuistot qui lui apprend le métier. Balthazar est doué, surdoué même. Il surclasse tout le monde, reconnaît chaque ingrédient, crée des compositions nouvelles qui lui valent de gagner tous les concours culinaires et d'être mondialement reconnu comme une sommité. Il ouvre un restaurant, l'Arthus, à l'époque du misme, le minimalisme poussé à outrance au point de devenir sophistication. Le succès st au rendez-vous, le monde entier se presse à ses portes. Puis un jour, Balthazar reçoit une lettre anonyme qui lui reproche de dormir sur ses lauriers. Le lendemain, il perd une des trois étoiles qu'il possède dans le guide la haute gastronomie française, les critiques lui reprochent une qualité trop facile. Il décide de se remettre en question, vend son restaurant, en ouvre un autre, le Palais des Nuits, basé sur le confort, les excès et le plaisir à tout prix. Là encore le succès arrive très rapidement mais Balthazar n'est jamais satisfait et tente de nouvelles expériences avec des mets, végétaux, animaux et minéraux du monde entiers. Une ascension fulgurante qui risque de mener à la déchéance, le jour où il lui sera impossible d'encore grimper. D'autres lettres anonymes arrivent...

En entamant ma lecture, j'ai trouvé qu'il y avait dans le début du récit un petit air du "Parfum" de Süsskind, la réussite d'un homme sans racines qui surpasse tout le monde et fait preuve d'un cynisme outrancier, prêt à dépasser toutes les frontières pour arriver à ses fins, à savoir l'expérience ultime, celle que personne n'a jamais tentée. Et c'est vrai qu'il y a de cela dans ce texte, prenant, bien écrit, habilement ficelé pour provoquer rebondissement sur rebondissement jusqu'à la fin, brillante de cruauté et de machiavélisme.
Béatrice Joyaud s'y entend pour créer de luxurieuses ambiances, pour parler cuisine et mettre l'eau à la bouche, pour créer un sentiment d'attachement mêlé paradoxalement à une impression de haine pour cet homme victime de ses faiblesses et de son ambition. Un tout bon livre!