Loin des mosquées de Armel Job

Loin des mosquées de Armel Job

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Nothingman, le 12 avril 2012 (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 720ème position).
Visites : 13 845 

Deux femmes face aux traditions

Avec ce nouveau roman, Armel Job nous plonge dans une famille au cœur de la communauté turque de Belgique. L’un des fils, Evren part finir ses études de comptabilité chez son oncle à Cologne. Là, il fait la connaissance de la belle et mystérieuse Derya, dont il tombe progressivement amoureux. Derya est une jeune fille moderne, indépendante, qui n’a que faire des traditions familiales et culturelles. A son retour en Belgique, il fait part à sa famille de son désir de l’épouser. En joie, la délégation belge se rend à Cologne pour demander la main à l’autre famille. Mais, dans ce mariage arrangé, tout ne tourne pas comme prévu. Derya éconduit platement le pauvre Evren.
De retour en Belgique, la famille outragée cherche un nouveau parti pour ce fils au charme ingrat. Arrive donc en droite ligne d’Anatolie la jeune Yasemin, qui avait gardé une certaine attirance pour Evren rencontré autrefois. Yasemin est une jeune fille qui, contrairement à Derya, trouve du bon dans la tradition. Peu à peu, par ses marques de tendresse, Yasemin va arriver à conquérir le cœur meurtri d’Evren et à lui faire oublier Derya. Jusq’au jour où cette dernière réapparaît et vient sonner à la porte de Yasemin, qui ignore son existence….
Inutile d’en raconter plus sous peine d’en dévoiler trop ce qui serait dommage tant ce roman Armel Job arrive à nous tenir en haleine, avec des rebondissements à chaque page. Le roman est construit selon l’alternance des témoignages de quatre narrateurs, chacun amenant progressivement une nouvelle pierre à l’édifice. La construction de ce roman tient donc en haleine et les chassés-croisés relationnels entretiennent l’intrigue et l’attente du lecteur.
« Décidément, les gens ne sont jamais ce que l’on imagine », écrit Armel Job dans ce nouveau roman. Cette phrase pourrait quasiment servir de fil rouge à l’ensemble de son œuvre. Chez ce fabuleux raconteur d’histoires, chaque personnage se révèle finalement beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Armel Job aime faire la chasse aux fausses certitudes, aux stéréotypes de tous poils.
Autre point fort de ce roman ambitieux, son sujet qui pourrait faire craindre au casse-pipe : la communauté turque d’Europe (Belgique et Allemagne) et les mariages arrangés. Le tout est fort documenté et se veut sans jugement aucun. Ces mariages arrangés, l’auteur les envisage plutôt d’un point de vue culturel. Certains sont des réussites, certains peuvent être de véritables tortures mentales et d’autres se construisent patiemment, au jour le jour. Yasemin croit aux valeurs culturelles de sa famille tandis que Derya tente de s’y soustraire. Deux femmes, deux visions et finalement aucun jugement entre les deux.

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Armel Job, belle découverte

9 étoiles

Critique de Malic (, Inscrit le 9 décembre 2005, 83 ans) - 9 juin 2020

L’histoire se déroule essentiellement dans le milieu de la communauté turque de Belgique. Evren, étudiant à Cologne, est hébergé chez son oncle, où il tombe amoureux de sa cousine, la belle Derya. A la suite d’un incident inattendu, Evren estime avoir de bonnes raisons de penser que ses sentiments sont partagés. Tout semble donc prêt pour un mariage en bonne et due forme, respectant la tradition de l’accord entre les deux familles.

Toutefois, lors de la cérémonie de demande en mariage, Derya, à la stupeur d’Erven et de ses parents, sert à ses invités un café sans sucre, ce qui signifie qu’elle refuse d’épouser le jeune homme. Et, chose qui n’était pas gagnée d’avance, le père accepte ce refus. A partir de là, les péripéties, flirtant parfois avec le polar, s’enchainent, cocasses ou dramatiques entraînées par les sentiments ou par les traditions turques, dont certaines mortifères.

L’histoire est racontée tour à tour par les principaux personnages, Evren, Derya, Yasemin, sans oublier René, wallon et croque-mort, qui parle de son métier avec humour mais aussi beaucoup de sensibilité.

J’ai été captivé d’un bout à l’autre par ce roman très bien écrit et par ses personnages. Auteur à suivre.
Je pensais attribuer 5 étoiles à ce roman, mais depuis j’ai lu « En son absence », que j’ai trouvé encore meilleur et à qui iront donc les 5.

Jamais déçu

8 étoiles

Critique de Ardeo (Flémalle, Inscrit le 29 juin 2012, 77 ans) - 29 avril 2020

S’il est un auteur belge francophone vivant qui ne me déçoit jamais, il s’agit bien d’Armel Job. Je n’ai pas lu des dizaines de roman de l’auteur mais à tous les coups, j’ai trouvé les récits pertinents, les trames intéressantes, le style clair et précis.

Ici, l’auteur met en scène une famille turque vivant en Belgique mais toujours dans les traditions « du pays » : des histoires de mariage, de l’honneur, du respect, des vengeances, des drames, de l’amour et quelques rebondissements de bon aloi … pour un bon roman.

Il est épatant cet Armel Job !

9 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 2 avril 2018

D’abord, il y a René qui est croque-mort (il préfère dire « passeur ») et Marcel, un gars un peu simplet mais qui l’aide. Ils vivent ensemble une maison rue des Remparts à Liège (mais ce n’est pas celle du quartier Sainte-Marguerite). Ce sont les plus sympas de l’histoire.
La plus courageuse, c’est Derya. Elle est d’origine turque, vit avec sa famille en Allemagne. Elle veut, le jour venu et si ça lui chante, épouser qui elle veut. Mais son père et ses frères ne sont pas du même avis.
Erven, le cousin de Derya vient d’épouser, un peu par dépit, Yasmine. Derya est en fuite avec la mort aux trousses. Tout ce petit monde et d’autres encore animent ce polar sans policier (ah ben si, ils arrivent à la fin, comme à la Columbo).

Il est épatant cet Armel Job !

Extraits :

- Comme tous les gens simples, j’aime les mathématiques. Il n’y a rien de plus rassurant que les mathématiques. Toutes les autres sciences se cassent les dents sur du réel. Les nombres flottent, insouciants, immuables dans leur univers clos, totalement prévisibles pour qui sait y faire. Les nombres sont une consolation pour l’homme ballotté par le destin.

- On peut avouer que ce n’est pas vrai qu’on se fiche pas mal de ce qu’il adviendra de notre corps quand on sera passé. On pense souvent à lui, même si ce faux-jeton est occupé à nous trahir, même s’il va nous laisser en plan à la première occasion. Plus il décline, plus on le regarde comme un autre dont il faut bien s’occuper. .On a quand même vécu ensemble. Ça crée des obligations. Finalement, même si on a du mal à croire à l’âme immortelle, c’est comme si on y croyait malgré tout. On se figure l’instant après le dernier soupir, on se retrouve quelque part en l’air, pas très loin, retenu par le plafond comme un ballon rouge dont on a lâché la ficelle, et on observe ce que les vivants vont faire de notre carapace. « Je ne veux pas qu’on enlève mon dernier, hein, René ! ».

- « Entre les hommes et les femmes, il n’y a rien d’équerre, Evren. Ça ne s’ajuste pas. Je me suis souvent demandé si on formait bien une seule et même espèce. On finit par se replier chacun de son côté. On perd son temps à essayer de se comprendre. Il vaut mieux penser à autre chose ».

L'amour est la pire illusion du mariage.

7 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 22 mai 2016

Le livre est agréable à lire mais j'ai trouvé qu'il manquait de profondeur. j'attendais plus.

Plongée dans la communauté turque

9 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 29 mars 2016

René est un célibataire endurci, certes avec un bon fond et pratiquant le métier peu banal de croque-mort. Invité à un mariage dans la famille de son voisin d’origine turque, il découvre comme le lecteur un monde inconnu, plein de traditions, de valeurs mais aussi de contradictions.

Comment ce mariage a été décidé et arrangé, quels sont les tenants et aboutissants du destin de ses protagonistes, voilà ce qu’Armel Job va nous faire découvrir.

L’auteur use d’un style juste et en phase avec le récit. Des phrases et des mots simples conduisent le lecteur à ressentir les émotions des personnages qui percolent.

Les chapitres qui s’entrecroisent donnent tour à tour la parole à un personnage ; René, Evren, Derya et Yasemin expriment leur ressenti sur une situation personnelle qu’ils vivent emplie d’émotions et de dramaturgie.

Cet auteur belge de grand talent signe sans doute ici une grande performance littéraire et du même coup son roman le plus réussi.

Regards sur la communauté turque

8 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 30 juin 2012

Armel Job est un excellent conteur, Nothingman a raison de le souligner. Chacun de ses romans m'enchante et celui-ci n'a pas fait exception : l'auteur construit son histoire avec brio, et nous tient en haleine avec un roman qui oscille entre le psychologique et le policier. On pénètre le monde des familles d'immigrés turcs, on entre dans l'intimité de familles déchirées par le conflit entre le respect de la culture archaïque et la modernité.

Lire un roman de Armel Job, c'est un petit plaisir qu'il serait bête de se refuser. J'ai passé un bon moment et je trouve que l'auteur pose un regard très convaincant sur la vie des émigrés et leur lien avec le voisinage, c'est enrichissant.

loin des mosquées et si proche de nous

9 étoiles

Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans) - 25 mai 2012

Loin des mosquées, quoique… Les coutumes ancestrales musulmanes quant au mariage mises à mal par la réalité de notre siècle. Mais c’est l’Amour qui l’emporte. Quel bonheur !
Armel Job, un Ardennais toujours auprès de ses racines qui nous plante un décor bien de chez nous. Mais aussi un humaniste qui s’ouvre à notre monde pluriculturel du XXIème siècle. Lire les romans d’Armel Job apporte toujours le bonheur.
Différents personnages particulièrement bien typés s’offrent au lecteur. Il y a d’abord René qui exerce un métier peu banal : croque-mort. Ce qui nous vaut quelques phrases teintées d’humour, mais oui ! Dans le quartier de la Tannerie vivent quelques Turcs qui s’adaptent, s’intègrent plus ou moins bien à notre belgitude. Vivre avec le passé s’oppose bien souvent aux us et coutumes de maintenant. Amour et Mariage ne font pas toujours bon ménage ! Et se le mariage est arrangé entre familles, ça se corse ! Les musulmans sont multiples : de l’intégrisme terroriste à une vague appartenance à la religion. Armel Job nous fait aussi voyager, des Ardennes à la Turquie en passant par l’Allemagne.
L’auteur maintient bien la tension dramatique par des rebondissements fréquents. Tout est bien ficelé, avec un mélange des genres plaisants pour le lecteur : plutôt drôle au début mais la trame évolue et devient dramatique avec des accents de polars. La personnalité de chaque intervenant est bien typée. En tête de chapitre, le lecteur connaît le narrateur qui réagit face aux nouvelles situations.

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