Vassili Grossman : Un écrivain de combat de Myriam Anissimov

Vassili Grossman : Un écrivain de combat de Myriam Anissimov

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Tanneguy, le 28 avril 2012 (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans)
La note : 9 étoiles
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L'homme de Stalingrad, l'homme de Treblinka...

On connaît peu en France cet écrivain magnifique né avec la Révolution russe de 1905 et mort prématurément en 1964 sans avoir vu publier son chef d'oeuvre "Vie et destin", interdit par la censure soviétique et paru en France en 1980 seulement. Il est vrai que le parti communiste français, défenseur de la culture comme chacun sait, ne faisait pas de zèle à l'encontre de ses maîtres du KGB. Il s'agit pourtant d'un chef d'oeuvre...

Myriam Anissimov a choisi de suivre le cours de l'existence de Grossman pour nous la raconter, mais elle commente l'environnement politique et social de l'époque avec précision. Elle nous rappelle successivement les révolutions russes, la fin du tsar, la 1ère guerre mondiale, le pacte germano-soviétique, la 2ème guerre mondiale , et bien d'autres choses... Elle s'appuie beaucoup sur les textes de Grossman, qu'elle cite largement, mais aussi sur des lettres et des témoignages recueillis auprès de parents ou amis de l'auteur, qui peuvent parler maintenant. Passionnant !

Vassili Grossman est surtout connu pour ses comptes rendus de la guerre à Stalingrad, où il fut très apprécié par les soldats anonymes et éphémères... Il l'est moins pour ses dénonciations de l'antisémitismes présents aussi bien en URSS qu'en Allemagne à cette époque. Il fut l'un des premiers "visiteurs" de Treblinka à la fin du conflit. C'est à cette époque qu'il réalisa pleinement qu'il était Juif lui-même et qu'il esquissa un rapprochement vers ce Dieu interdit pour les citoyens d'URSS. Il sera très impressionné, à la fin de sa vie par l'Arménie où une religion non interdite était très vivante.

Passionnant, émouvant ! Anissimov adopte, me semble-t-il, un peu le style de Grossman quand elle "campe" ses personnages ; il s'agit cette fois de personnages réels, en particulier les écrivains russes que Grossman a côtoyés, Gorki, le souvenir de Tolstoï par exemple ou les responsables politiques.

N'hésitez pas à vous lancer dans ces 850 pages, prenez votre temps ; c'est aussi l'occasion de retrouver les grands textes de Grossman, "Vie et Destin" bien sûr mais aussi "Pour une juste cause" deux romans qui rendent compte brillamment de la guerre entre 1941 et 1945

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