Cent ans de Herbjørg Wassmo
(Hundre ar)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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saga norvégienne
Cent ans, c’est le temps qui sépare la narratrice de son arrière grand-mère : Sara-Suzanne.
Ces femmes des îles Lofoten n’ont pas la vie rose c’est le moins que l’on puisse dire. Travailleuses, dures à l’ouvrage, d’un caractère fort et capable de passion. Herbjǿrg Wassmo, en fait des femmes très attachantes.
Commençons par la doyenne. Sara-Suzanne, pour fuir la misère s’est mariée très jeune à Johannes Krog, jeune commerçant bègue et part vivre dans une des îles du Lofoten. Le commerce prospère. Le mariage de raison se transforme en une union féconde, amoureuse et voluptueuse. Un sacré caractère Sara-Suzanne, elle sait ce qu’elle veut et soutient son mari dans ses entreprises. Le pasteur la peindra sous la forme d’un ange sur un retable qui existe réellement.
Puis, nous avons Elida, fille de Sara. Elle fera un mariage d’amour en épousant, contre l’avis de sa mère, Frederik qui tombera malade. Elida l’emmènera à Kristinia, la capitale, pour essayer de le soigner et, se faisant, abandonnera ses enfants à des familles nourricières.
Ainsi Hjørdis sera laissée à 2 ans et ne rencontrera sa famille que vers l’âge de 6 ou 7 ans.
Elida et Hjørdis connaîtront les bouleversements de la modernité et les guerres.
La dernière, Herbjǿrg Wassmo, fille de Hjørdis naîtra par une nuit de tempête et ne connaîtra pas les joies d’une famille aimante. Herbjǿrg passera sa vie à essayer de Lui échapper, LUI, son géniteur de père. Elle n’aura de cesse d’écrire dans de petits carnets jaunes, toujours aux aguets. « Durant mon enfance et mon adolescence à Vesterålen, je tiens un journal dont le contenu est terrifiant. Si éhonté qu’il n’ doit tomber sous les yeux de personne ».
Cette biographie « arrangée », en effet, Sara-Suzanne n’est pas sa vraie aïeule, lui permet de parler de son enfance, de sortir enfin de la honte, de pouvoir l’affronter LUI.
C’est aussi un roman où soufflent le vent et la tempête omniprésents sur ces îles désolées où les hommes ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Pardon, je devrais dire où les femmes ne peuvent compter que sur elles-mêmes, les hommes étant en mer.
Un récit âpre mais attachant, Herbjørg Wassmo aime ses îles et cela se sent. Je l’ai trouvé un peu long par certains moments, alors je refermais le livre, passais à un autre et revenais vers ces femmes avec plaisir.
Les éditions
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Cent ans [Texte imprimé], roman Herbjørg Wassmo traduit du norvégien par Luce Hinsch
de Wassmo, Herbjørg Hinsch, Luce (Traducteur)
Gaïa
ISBN : 9782847201826 ; 24,40 € ; 16/02/2011 ; 557 p. ; Broché -
Cent ans [Texte imprimé] Herbjørg Wassmo traduit du norvégien par Luce Hinsch
de Wassmo, Herbjørg Hinsch, Luce (Traducteur)
10-18 / 10-18
ISBN : 9782264055460 ; 9,60 € ; 18/10/2012 ; 600 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (3)
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Premier Wassmo
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 28 janvier 2019
Il y a quelque chose de très épuré dans la façon dont l'auteur s'exprime. Les descriptions restent pudiques comme si la sentimentalité était menottée. L'ouvrage fait la part belle à Sara Suzanne et à Elida. Toutes les deux ont un homme en souffrance. La femme est mère (et de nombreuses fois) puisque c'est son destin mais son existence ne se borne pas au second rôle.
Même si parfois le texte souffre de quelques longueurs il n'en demeure pas moins une belle fresque de ce pays méconnu, un des moins peuplés au monde qui possède à peu près 2500 kilomètres de côte. Bref on est loin de l'idée des "bouffeurs de requins" Wassmo glisse en douceur une ambiance toute particulière : les conditions de vie extrêmes, la mer traîtresse mais nourricière, la prude Norvège, la très luthérienne église, les conflits entre ceux du sud et du nord.
Un bilan mitigé. Lecture intéressante mais le manque de rythme est un peu déstabilisant.
Des femmes fortes !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 12 novembre 2018
Elle connaît un grand succès mondial avec "Le Livre de Dina".
"Comment est-ce possible ? Des arbres qui restent là, au même endroit, et poussent jusqu'au ciel ?
Pendant cent ans.
Ils poussent et ils poussent..
Ils sont secoués par le vent qui siffle dans leurs branches.
Grand-parents et petits-enfants meurent, les grands arbres, eus, restent.
Ils perdent leurs feuilles et il en pousse de nouvelles".
Cent ans est une immense et incroyable saga norvégienne. 3 générations de femmes de marins dans les îles Lofoten.
Sarah Suzanne, l'arrière grand-mère; Elida, la grand-mère et Hjordis, la mère.
En dernière page, point la frimousse de l'auteur, qui ne sait pas encore qu'elle sera une romancière majeure, témoin privilégiée de l'histoire de sa famille.
Une biographie familiale romancée (idéalisée ?) au travers des paysages sculptés, l'Histoire en marche (les guerres se profilent).
3 générations de femmes au quotidien pesant et répétitif (de nombreux enfants qu'il faut élever et/ou abandonner, des époux partis en mer pour de longues périodes) . Des femmes aux rêves cruellement présents mais qui les aident à tenir car il le faut.
J'avoue avoir été envoûté par ce roman qu'on souhaiterait ne pas terminer.
Au delà de la vie de ces 3 femmes, Cent ans est une oeuvre littéraire forte qui traverse un siècle d'Histoire (1842-1942) . Une écriture simple qui vous emmène, qui vous prend aux tripes. Des femmes prisonnières de leur quotidien mais terriblement libres et fortes.
Chapeau bas Mme Wassmo !
Destins de femmes
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 11 juin 2012
Ce sont 4 générations que Herbjorg Wassmo fait revivre, autour de 4 femmes au destin d’épouses et de génitrices, des femmes fortes, assumant la fatalité de leurs maternités successives, dans les contrées froides et inhospitalières des îles Lofoten .
Elle dévide le fil du cocon familial sans toujours se soucier de chronologie et si le lecteur se perd parfois dans les multiples personnages de ces familles nombreuses , il retrouve plus loin, avec bonheur, les personnages repères . Deux figures marquantes : l’arrière grand-mère Sara Suzanne et la grand-mère Elida , deux femmes fortes, déterminées, soutenues par leur époux , caractérisées par ce qu’elles ont réalisé , héroïnes romanesques d’une saga familiale mouvementée .
Deux figures plus discrètes, comme en creux, mais tout aussi attachantes et émouvantes : Hjordis , la mère et sa fille Herbjorg , la narratrice, définies plutôt par ce qu’elles ont perdu ou manqué . Des ellipses dans la présentation de leur vie, des non-dits liés aux traumatismes de l’absence ou de la perte . On ne peut s’empêcher de percevoir l’auteur elle même derrière la narratrice : prénom identique, publication de romans antérieurs à celui-ci (des personnages comme le docteur, fils de Dina et sa fille Karna y étaient déjà présents ). Si Herbjorg, quatrième représentante féminine , reste en arrière plan, présente surtout en ouverture et en fermeture du roman, on la sent hantée encore par les fantômes angoissants de son enfance, que l’écriture tente de libérer.
Servi par une écriture qui procède par jaillissements successifs de phrases brèves , comme sous l’effet de l’émotion , ce roman riche et généreux a été pour moi une intéressante plongée dans le temps ( nous devinons en arrière plan les progrès technologiques et les événements historiques qui ponctuent un siècle ) , dans les travaux et les jours des vies de pêcheurs , une émouvante approche de la condition féminine à cette période et surtout l’évocation souvent bouleversante de destins de femmes qu’il est difficile d’oublier .
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