Essais sur l'individualisme
de Louis Dumont

critiqué par Veneziano, le 8 mai 2012
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
L'avènement de l'individu en anthropologie
Ce livre ardu est constitué d'une série d'articles d'un anthropologue de renom qui ont pour but de démontrer que la personne humaine a conquis une place centrale dans les sociétés contemporaines. Il opère quelquefois une comparaison avec l'Inde, qui a été son premier objet d'études avant l'anthropologie comparée.

Aristote et Platon ayant jeté des bases, le christianisme a constitué un fondement majeur à cette évolution inéluctable, avec la considération de chaque personne comme l'oeuvre de Dieu et la condamnation, subséquente, de l'esclavage. Cette pensée est renouvelée par Saint Augustin; puis par Saint-Thomas d'Aquin et Calvin et leur temps. Dans ce rappel d'anthropologie historique, l'auteur prend appui sur les travaux de Troeltsch.
Les Lumières, la Révolution bourgeoise française sont autant de nouvelles occasions de recentrer la société vers l'individu. Le nationalisme et le nazisme sont des avatars allant dans le même sens. Il cite là Fitchl et le sinistrement célèbre auteur de Mein Kampf.
Enfin, ou presque, il rend hommage à Marcel Mauss, dont les travaux constituent une avancée majeure dans ces domaines, dans les pas directs d'Emile Durckheim, fondateur de la sociologie en France.

Le fond est très dense, fatalement complexe ; la lecture prend donc quelques temps. Le ton est analytique, le style y perd assez souvent en fluidité. Ce livre est enrichissant, fait gagner en hauteur et profondeur, mais il faut s'accrocher. Il est à méditer.