Les âges sombres
de Karen Maitland

critiqué par Linbaba, le 2 octobre 2012
( - 40 ans)


La note:  étoiles
Karen Maitland: reine du thriller historique
L'histoire se déroule en Angleterre, au XIVeme siècle dans le village perdu d'Ulewic. On suit les mésaventures d'un "béguinage" belge fraichement installé dans ce village. Le béguinage étant une sorte de convent où des femmes appelées "béguines" vivent en communauté. Le village d'Ulwic est en proie à la famine et aux épidémies depuis un certain temps, et ce qui a pour effet de détourner ses habitants de la foi chrétienne pour se tourner vers une secte obscure, adepte de rituels ancestraux et qui vénère une entité maléfique appelée "le owlman".
Face à cet ordre ancien, le prêtre corrompu de ce village tente par tout moyen, et quel qu'en soit le prix, de garder ses ouailles.
Dans ce contexte, les généreuses béguines ne tardent pas à attirer aussi l'hostilité de l'ordre obscur dévoué au Owlman, mais aussi l'hostilité de l'Eglise qui semble voir en ces femmes des hérétiques.
Voilà rapidement le pitch sans trop en dévoiler.

Karen Maitland après l'excellent "la compagnie des menteurs" , nous entraine une fois de plus dans son moyen-âge crasseux et sombre.
Un roman très documenté et assez passionnant tant il regorge d'anecdotes sur les moeurs et les croyances de l'époque comme dans son précédent roman.

L'histoire est racontée de manière originale par le point de vue de cinq personnages, à chaque fois à la première personne.

Cependant cette histoire prend son temps à se mettre en place, et il faut donc s'accrocher pour ne pas lâcher la lecture. En effet ce n'est pas un roman classique type policier avec un serial killer et de l'action non stop. L'action se déroulant sur une année, l'auteur choisit de nous conter son histoire par les différentes petites intrigues et complots entre les personnages. L'histoire commence vraiment à se préciser vers la moitié du roman.

Toutefois, il y a quand même des passages assez stressants voire gores qui permettent de redonner du souffle à l'histoire, et une petite touche de fantastique pour relever le tout.

Les personnages sont très attachants et révèlent leur vraie nature au fil de l'histoire grâce à la plume toujours aussi belle et limpide de Karen Maitland.

D'autre part, une réflexion sur la foi et le fanatisme religieux et qui met en lumière une époque sombre de l'Eglise.

Donc un bon roman, différent de la "compagnie des menteurs" qui ne plaira sans doute pas à tout le monde à cause de sa construction, mais qu'il serait dommage de bouder tant l'univers est riche et ses personnages haut en couleur.
Mieux que le premier 7 étoiles

Je n'avais pas plus que ça aimé "la compagnie des menteurs".
Je dois admettre que le 2ème opus s'avère à mes yeux déjà beaucoup plus intéressant.
En effet, à travers la description des travers de la religion de cette époque, l'auteure nous transporte dans la vie d'un petit village d'Angleterre soumis aux maladies et intempéries.
L'auteure y rajoute une dose de fantastique qu'elle décrit très bien à la fin du livre.
Même si les descriptions peuvent lasser et la longueur faire peur, ce bouquin est à lire pour tous les fans de cette période du Moyen âge.
Je lirai prochainement son 3ème écrit.

Albator76 - - 47 ans - 5 décembre 2018


des sorcières et des croyances 8 étoiles

J'ai beaucoup apprécié ce roman de Karen Maitland qui nous plonge au Moyen-Age, dans un petit village anglais du 14e siècle. Après "La Compagnie des menteurs", roman que j'avais adoré il y a quelques années, l'auteur signe à nouveau un grand roman historique.

Je ne vais pas résumer l'histoire comme l'ont brillamment fait les 2 critiques précédentes, je vais simplement saluer le travail de reconstitution qu'a fait l'auteur pour romancer des faits historiques avec une telle précision, pour donner vie à des personnages très intenses, très hauts en couleurs auxquels on s'attache pour certains et pour lesquels nous pourrons avoir un très fort dédain pour d'autres.

A travers ce livre, et ces personnages donc, nous pouvons comprendre comment était la vie au Moyen-Age, avec évidemment tout l'inconfort matériel qui s'y rattache (maladies, vétusté, etc...) mais également aux travers des croyances de cette époque. En effet, vous pouviez, pour quelques mots de trop, être qualifiée de sorcière et donc être brûlée vive sur la place publique. Vous pouviez également subir le même sort pour tout un tas de raisons, toutes plus mauvaises les unes que les autres, votre femme subissait le droit de cuissage si le Seigneur du domaine le souhaitait et vous étiez taxé au maximum par ce même seigneur qui ne vous laissait rien (en est-il différemment aujourd'hui sous Hollande? la question reste ouverte...).

Un livre que je recommanderais aux fervents amateurs d'Histoire qui préfèrent découvrir l'Histoire sous forme de roman plutôt que sous forme plus factuelle de pavés de dates et de faits associés.

Clubber14 - Paris - 44 ans - 17 juillet 2016


Pour une béguine avec toi... 7 étoiles

Repéré sur un blog de polar et grâce à sa belle couverture (comme souvent dans cette maison d'édition) "Les âges sombres " patientait tranquillement dans ma liste des romans à lire depuis quelques temps déjà.
Première surprise : ce n'est pas vraiment un thriller , il ne faut pas s'attendre à un remake du nom de la rose.
Nous sommes dans le déroulement d'une tranche de vie d'un village du 14ème siècle voisin suspicieux d'un béguinage.
Maitland déroule son histoire en donnant la parole et le point de vue des divers protagonistes.
C'est très richement documenté , notamment sur les rites et croyances en cours à cette époque. Sans être un brûlot virulent , l'auteure démontre facilement la main mise sur les esprits par le clergé et les luttes qui opposent celui ci aux anciens rites païens.
Ce livre serait à mes yeux une grande réussite s'il n'était pas si long (670 pages). Ici , tout est décrit , disséqué et par cette volonté du détail l'auteure m'a parfois ennuyé.
L'histoire tarde un peu à se dévoiler , cela pourra devenir rédhibitoire pour certains lecteurs. De mon côté je me suis accroché et le final ne m'a pas déçu.

Ndeprez - - 48 ans - 16 avril 2014