Tsukushi
de Aki Shimazaki

critiqué par Libris québécis, le 18 mai 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Le Mensonge, code de vie
Cette auteure montréalaise d’origine japonaise trace le portrait du peuple dont elle est issue. Son réquisitoire s’attaque à l’infidélité (Tsubaki), au racisme (Tsubame), aux traditions (Wasurenagusa). Avec Tsukushi, Aki Shimazaki aborde la sexualité des hommes. En somme, ses romans analysent tout ce qui réduit ou tout ce qui ternit l’image d’un peuple, dont le conformisme cache autant de comportements répréhensibles qu’en Occident.

L’apparence est la valeur à privilégier, en l’occurrence celle de former un couple au détriment de l’amour. Les rencontres arrangées (miaï) sont d’ailleurs prévues pour répondre à l’obligation tacite de quitter le célibat à l’âge convenu. Qu’advient-il des femmes prises dans cet engrenage ? Au mieux, elles peuvent s’unir à des hommes bien intentionnés et attentionnés. Et au pire, elles peuvent ronger leurs freins. Pour ces dernières, le mensonge devient leur code de vie. Mentir à autrui, mais aussi à soi-même. On sacrifie en somme la femme sur l’autel d’une rectitude sociale découlant des principes de la rentabilité. Dans Tsukushi, Takashi Sumida se marie justement avec Yûko Tanase pour ne pas nuire à l’institut bancaire dirigé par son père. Mais quel homme est-il ?

Le secret détruit le couple fatalement quoique quelques-uns aient accepté l’inacceptable comme l’amie d’Yûko qui est mariée à un bisexuel. Mais Yûko sera-t-elle capable de mentir longtemps sur les origines de sa fille, née d’une relation avec un confrère de travail ? Qu’est-ce qui explique les retours tardifs à la maison de son mari ?

Aki Shimazaki a préparé son menu avec soin. Les petits plats précèdent le plat de résistance. Et c’en est tout un. Malheureusement, les chroniqueurs québécois ont révélé le punch que l’auteure avait concocté avec minutie. Son écriture, trop clinique cependant, ne fait pas de vagues avant de déferler. Elle enserre les unités narratives en plusieurs îlots qu’elle relie par des ponts, qui s’imposent tout naturellement. Travail d’orfèvre exécuté avec une économie de pièces en commençant par le titre Tsukushi. Ce mot correspond à la prêle, plante d’ailleurs que reproduit la page couverture. Les tordus y verront un pénis en érection. Ils auront raison. Même Yûko trouve la prêle très érotique.
ecce homo 10 étoiles

Où l’on retrouve Yûko, qui s’était fiancée avec le jeune et brillant Takashi Aoki, employé d’une des plus grandes compagnies du Japon, dans "Mitsuba", le premier tome de la série "Au cœur du Yamato". Un destin sérieusement contrarié dès lors que Takashi Sumida, riche héritier de la banque finançant cette compagnie, s’entiche de la belle, pourtant déjà enceinte de son fiancé. Treize ans après, Yûko et sa fille Mitsuba vivent dans une relation stable et épanouie avec Takashi, jusqu’au jour où… Mais ne dévoilons pas l’intrigue pleine de surprises de ce roman dont la valeur va bien au-delà des apparences. Car il s’agit bel et bien d’une analyse des rapports subtils s’établissant au sein d’un couple, rapports basés avant tout sur la confiance et non plus seulement sur l’amour, nécessaire mais loin d’être suffisant, lorsqu’un équilibre s’est enfin établi. Avec, comme toujours chez Aki Shimazaki, un récit prenant et des personnages attachants…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 2 janvier 2023


Des secrets lourds à porter 7 étoiles

Nous retrouvons ici Yuko, la petite amie de Aoki, dont l'histoire est relatée dans le livre "Mitsuba".

Ce livre traite des "non-dits", des secrets bien enfouis qui surgissent un jour et peuvent remettre en question toute votre vie. Un mariage précipité, provoqué par de multiples pressions que Yuko ne pouvait contrer à l'époque, et elle se retrouve, 13 ans après, face à une situation et une vérité qui la prennent au dépourvu.

Bien qu'intéressant, je n'ai pas retrouvé le charme de "Zakuro", le premier livre de la série que j'avais lu. A noter toutefois les traditions japonaises toujours évoquées.

Nathafi - SAINT-SOUPLET - 57 ans - 16 novembre 2014