Le Cavalier suédois de Leo Perutz

Le Cavalier suédois de Leo Perutz
( Der schwedische Reiter)

Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques

Critiqué par Patman, le 14 octobre 2002 (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 720ème position).
Visites : 7 689  (depuis Novembre 2007)

Un livre qui parle !

Il arrive parfois que l'on découvre par le plus grand des hasards un auteur méconnu. J’avoue humblement que je n'avais jusqu’ici jamais entendu parler de Léo Perutz (1882 -1957), écrivain tchèque de langue allemande, contemporain de Kafka et Meyrinck et considéré par Jorge-Luis Borges comme un des plus grands écrivains du XXème siècle.
J’ai pris ce livre à la bibliothèque sous l’influence obscure d’une petite voix mystérieuse qui, au plus profond de moi, criait « Vas-y ! qu'attend tu ? » … Je me suis donc exécuté, me fiant à ce que je croyais être la voix de mon instinct. Ce soir là, quand j'ai ouvert le livre, la petite voix intérieure s'est à nouveau fait entendre : « Lis ! Tu ne le regretteras pas ! » . Mon instinct me semble bien bavard aujourd'hui, pensais-je. Il ne me fallut que quelques lignes pour tomber sous le charme, et quand, quelques heures plus tard, j'ai refermé le livre, la petite voix revint : « Alors ? N’avais-je pas raison ? » . J’admis le fait très aisément et allais me coucher sans plus me soucier des verbiages de se que je croyais être mon instinct. Le lendemain, passant près du rayon de ma bibliothèque où était rangé le livre, la petite voix m'interpella à nouveau: « Et alors ? Tu ne me critiques pas ? Je ne suis pas sur critiqueslibres, c’est injuste ! » . Un livre hanté ! Fallait que ça tombe sur moi ! Dans ces cas là, on ne discute pas, on s'exécute et je pris donc mon courage à deux mains et ma plume de l'autre (je sais c’est un peu facile, mais je l'aime bien celle là) pour vous pondre ceci :
Aux confins de l'Allemagne du Nord, par un terrible hiver du début du XVIIIème siècle, deux hommes marchent dans la neige. Deux fugitifs que tout oppose. Christian Tornefeld, jeune noble suédois, a déserté d’une armée allemande pour rejoindre l'armée suédoise qui s’apprête à envahir la Russie, Piège-à-Poule, son compagnon, est un petit voleur sans grande envergure. Dans un ancien moulin hanté, ils rencontrent un inquiétant personnage avec qui ils passent un pacte : Piège-à-Poule s’engage à rejoindre les « forges de l'évêque » pour 10 ans, un endroit où les chances de survie sont minces mais dont on ressort libre… si on en sort ! Avant de rejoindre les forges, notre voleur accepte une mission pour Tornefeld, parcourir les quelques lieues qui séparent le moulin du château du parrain de Christian, pour qu'il lui envoie argent et vêtements pour la suite de son voyage.
Au domaine, Piège-à-Poule évite de justesse le Baron Maléfice, commandant des Dragons du roi, qui pourchasse les fuyards. Il rencontre également la jolie cousine de Christian Tornefeld et en tombe amoureux. Plus question de rejoindre les forges de l’évêque, c’est Christian qui prendra sa place, Piège-à-Poule, lui, va vivre un tout autre destin !
Suspense, amour, une touche de fantastique, un soupçon d’humour, des personnages attachants même si pas toujours sympathiques, il y a tout dans ce livre, considéré par les admirateurs de Léo Perutz comme son plus beau roman.
Il faudra que je lise les autres pour vous dire si c’est vraiment le plus beau, ou si d'autres vont eux aussi se mettre à me parler !

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Les éditions

  • Le cavalier suédois [Texte imprimé], roman Leo Perutz texte français par Martine Keyser
    de Perutz, Leo Keyser, Martine (Traducteur)
    Phébus / Libretto (Paris. 1998).
    ISBN : 9782859405977 ; 8,90 € ; 05/11/1999 ; 275 p. ; Poche
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Les livres liés

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Un petit livre très riche

8 étoiles

Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 24 mars 2018

Au début du XVIIIème siècle dans l’Europe centrale en proie à la Grande Guerre du Nord. Les descriptions de Léo Perutz nous plongent dans les hivers froids, les petits villages et les grandes propriétés agricoles de Silésie.
L’intrigue est bien menée, façon roman picaresque avec son suspense et ses rebondissements.
Mais l’écriture est pleine de délicatesse, avec des pointes d’humour, une ambiance un peu mélancolique et un fantastique qu’il garde ténu, presque crédible. J’ai repensé à L’histoire du soldat du Charles-Ferdinand Ramuz ou Le Cocher de Selma Lagerlöf.
Le cavalier suédois est donc un petit livre très riche, combinant de multiples thèmes et niveaux de lecture avec jeux de masque, brigandage, amour filial, réflexion métaphysique et rédemption. Un vrai bonheur.

Le cavalier prend la dame

9 étoiles

Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 59 ans) - 28 juillet 2016

L’un, Christian Tornefeld, noble suédois et déserteur, et l’autre, Piège-à-Poules, voleur, tentent d’échapper au gibet. Ils sont obligés d’échanger leurs identités respectives pour sauver leur peau. Sauf que Piège-à-Poules se verrait bien rester dans celle de Christian. Après avoir fait traverser mille et une aventures à son héros, l’auteur retombe sur ses pattes.
Perutz a du style, tant dans l’écriture que dans le scénario. Un très beau roman.

Belle aventure!

8 étoiles

Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 25 octobre 2013

Peu de choses à rajouter, c'est une lecture un peu ancienne...
Mais cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu ce genre de roman d'aventures dans lesquels on se demande toujours ce qui va arriver au personnage, et où on aimerait bien que cela se termine bien pour lui...
Mais Léo Perutz, juif d'expression allemande, peut difficilement être optimiste au moment de la parution de ce roman , c'est à dire 1936 ..Le sort promis ressemble au feu et à l'enfer des forges de l'évêque..
Ce livre a d'ailleurs été interdit par le gouvernement hitlérien, et Perutz s'est sauvé à temps.
Son héros, lui, a été rattrapé par son sort, je ne dévoile rien, on le sait dès le début... Mais pas tout à fait, il a laissé une fille, qui gardera l'image d'un père tel qu'il a voulu qu'elle la garde. Et c'est comme cela qu'on réussit -parfois- à inverser les histoires de destins semblant écrits d'avance, et que l'on vient à bout des barons Maléfice ....

Histoire d'un voleur de vie

10 étoiles

Critique de Pierrequiroule (Paris, Inscrite le 13 avril 2006, 43 ans) - 22 octobre 2013

Au début du XVIIIème siècle, l’Europe est ravagée par la Grande guerre du Nord, mettant aux prises la Suède et la Russie, ainsi que plusieurs territoires du Saint Empire germanique. Quelque part en Silésie, perdus dans la neige, deux hommes tentent de gagner la frontière polonaise pour échapper aux Dragons de l’Empire. L’un d’eux, Christian von Tornefeld, est un noble suédois qui a déserté afin de rejoindre les armées de son roi. Quant à l’autre, il n’a pas de nom ; c’est un vulgaire voleur menacé du gibet. Ces deux fuyards que tout oppose deviennent pourtant d’inséparables compagnons de malheur. Mais un jour, comme ils sont torturés par le froid et la faim, ils tombent sur un vieux moulin en ruine. On dit que le meunier s’est suicidé ; pourtant il est là, tout de rouge vêtu, invitant les fuyards à se restaurer. A moins que ce ne soit son spectre… Cette rencontre est le véritable point de départ de l’aventure. Sous l’influence du démon, ou d’une convoitise tout humaine, le voleur décide d’envoyer son compagnon à la mort pour usurper son identité. Il sera désormais le Cavalier suédois, un officier gentilhomme, vivant sur les terres qu’il a dérobées au véritable Tornefeld. Mais parviendra-t-il à tromper Maria Agneta, la fiancée de son rival ? Après une formidable ascension et sept années de bonheur, le voleur de vie devra payer son crime au prix fort.

Ce grand roman d’aventures est aussi un thriller où Perutz manie le fantastique avec subtilité. L’atmosphère y est sombre, inquiétante, comme un paysage hivernal de Brueghel. C'est une histoire de double et sans doute une réflexion sur le destin. Le pacte avec le diable, la magie, la substitution d’identité sont autant de thèmes récurrents dans l’œuvre de Perutz. Au fil des pages, on découvre aussi une magnifique histoire d’amour, basée sur un malentendu - thématique réutilisée dans "La nuit sous le pont de pierre". Mais le sentiment le plus poignant du récit est sans doute l’amour qui unit le Cavalier suédois à sa fille. Perutz s’est encore une fois inspiré de faits historiques – la disparition du père de Maria Christine von Blohme – pour créer un chef d'œuvre, un roman onirique, aussi puissant que mystérieux!

Un vrai roman d'aventure

7 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 27 mars 2011

Un style un brin désuet qui donne tout son charme à ce roman d'aventures où l'auteur a évité de faire de ses héros des caricatures lisses et sans contrastes.
Une atmosphère prenante, des rebondissements... jusqu'à un dénouement en accord avec le récit tout entier.
Une belle découverte et un bon moment passé entre ses lignes.

Un très beau conte

8 étoiles

Critique de Arval (Papeete, Inscrite le 8 mars 2008, 56 ans) - 30 janvier 2009

Je viens de le finir, il est vraiment très bien. Envoûtant, inquiétant et tellement prenant du début à la fin. Je l'ai beaucoup aimé.

découverte

7 étoiles

Critique de Madame Charlotte (Argelès sur mer, Inscrite le 30 octobre 2008, 48 ans) - 24 novembre 2008

Je découvre le relativement méconnu Leo Perutz avec ce roman. Écrit en 1936, ce roman d'aventures et de cape et d'épées nous entraîne en Silésie au début du XVIIIème siècle. Deux compagnons d'infortune, réunis par un concours de circonstances assez flou, vont ensemble changer le cours de leurs destins. Christian Von Tornefeld, jeune noble déserteur qui cherche à regagner l'armée du roi de Suède, et Piège-à-poule, voleur de son état, se retrouvent acculés dans un vieux moulin dans lequel ils trouvent refuge. Les deux hommes décident alors d'échanger leurs identités, le soldat pour échapper à la punition pour désertion, le voleur pour échapper à la corde. Les rôles sont alors inversés. Le soldat, individu fade et sans épaisseur prend la place du voleur dans les forges de l'évêque, sorte de purgatoire terrestre, tandis que le voleur devient un gentilhomme suédois à qui la fortune va tendre les bras. S'écouleront ainsi plusieurs années pendant lesquelles nous suivons uniquement l'évolution du voleur devenu Thornefeld. De voleur à pilleur d'églises, il parvient à l'aisance et à la reconnaissance, rencontre l'amour et fonde une famille. Du soldat on ne sait plus rien, on ne le retrouve qu'à la fin de l'histoire. Il est difficile de parler du livre sans en gâcher la surprise, je n'en dirai donc pas plus.

Le Cavalier suédois n'est pas seulement un roman d'aventures facile à lire et bien raconté, c'est aussi une sorte de conte vaguement surnaturel, l'histoire de deux hommes qui vivent une parenthèse de plusieurs années pour échapper à leur triste sort, mais qui finalement seront rattrapés par leur passé et devront reprendre le cours inévitable de leur destin. La fin nous renvoie au début du récit, avec un éclairage nouveau et une bonne dose d'émotion en plus. Ce n'est pour moi pas le chef d'œuvre annoncé, mais un très beau roman, assez court, et très agréable à lire.

Scoop ! En faisant quelques recherches rapides sur le livre, je suis tombée sur une news plus qu'alléchante ! Christophe Gans a l'intention d'adapter le Cavalier suédois, qui devrait sortir fin 2009, avec Vincent Cassel dans le rôle du cavalier. Joie !

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