Un été indien
de Hugo Pratt, Milo Manara (Dessin)

critiqué par Pucksimberg, le 30 mai 2012
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Hugo Pratt au scénario, Milo Manara au dessin !
La bande dessinée s'ouvre sur un cadre idyllique : sable blanc, mer, oiseaux marins, baignade, mais il n'en est rien ! Les deux indiens qui se baignent vont violer la jeune Shevah, nièce du révérend Black. Le jeune Abner défend la jeune femme en tuant les deux indiens. Afin qu'elle retrouve ses esprits et santé, il emmène la pauvre victime dans sa demeure où il vit avec toute sa famille ( sa mère, sa soeur et ses deux frères ).
Les Indiens qui connaissent pourtant bien cette famille ne souhaitent pas en rester là et veulent défendre les leurs assassinés brutalement et scalpés.

Pour être honnête je connaissais de nom Manara et Hugo Pratt, mais ne connaissait pas vraiment leur oeuvre. Je dois dire que j'ai été sous le charme de cette bande dessinée qui se déroule au début du 17ème siècle pendant l'été indien. Un été qui exacerbe les tensions et la sensualité des personnages. Cette bande dessinée témoigne d'une époque révolue, confronte les Blancs aux Indiens. Violence et érotisme s'entremêlent dans ces dessins d'une grande qualité. Les femmes n'ont jamais été aussi belles que dans cette BD. Certaines vignettes sont tout simplement magnifiques. Il est question d'adultère, d'inceste et de trahison. Le scénario est satisfaisant et les rebondissements ne font que redynamiser l'histoire.

Cette bande dessinée se lit comme un bon divertissement, tout en restant ancrée dans la réalité comme le souligne la fin de la bande dessinée. On se croit projeté dans un monde fictif qui fait rêver et pourtant le vrai rattrape l'imaginaire ...
Une grande BD historique 8 étoiles

Cette BD est la première oeuvre de collaboration cosignée par Pratt et Manara, qui se connaissaient depuis longtemps et étaient des amis proches. Manara considérait Pratt un peu comme son père spirituel.
Le scénario (cf la critique principale) est intéressant et fouillé, car Pratt connaît très bien cette période de l'histoire américaine (il a même écrit un long roman dont l'action se déroule à cette époque). Néanmoins, je le trouve par moments un peu convenu et prévisible, et aussi trop fortement plagié sur "La lettre écarlate" de Nathaniel Hawthorne, que j'avais lu avant de lire la BD.
Le dessin de Manara est magnifique, même si c'est plutôt en noir et blanc qu'il révèle toute sa splendeur (voir la série des Giuseppe Bergman). Les femmes sont effectivement mises en valeur : Pratt a pris soin d'offrir à Manara quelques scènes où il pouvait laisser libre cours à son inspiration (et que Manara aurait dû réfréner un peu car la BD mérite largement mieux qu'un simple classement "BD pour adultes") !

Eric Eliès - - 50 ans - 31 mai 2012