Journal d'un optimiste: 2009-2012
de Guy Sorman

critiqué par Ori, le 30 mai 2012
(Kraainem - 89 ans)


La note:  étoiles
Le journal d’un humoriste, plutôt !
En quelque 170 prodigieuses leçons de géopolitique, Guy Sorman nous livre dans un humour ‘British’ fort savoureux, une sorte de carnet de notes commentant les événements survenus aux quatre coins du monde, au cours des années 2010 et 2011.

Un plein d’enseignements nous est offert à la faveur des réflexions que nous confie ce talentueux politologue-essayiste.

Pêle-mêle, nous apprendrons que la croissance est tributaire tout à la fois de l’innovation et de la démographie, jamais de la dépense publique (ou) que les quatre valeurs de la civilisation occidentale sont les droits de l’homme, la démocratie, la laïcité, l’égalité homme-femme (ou) que les autorités chinoises préconisent plutôt l’harmonie que le progrès (ou encore) que, promise à un immense avenir économique, la Corée du Sud est une démocratie exemplaire au sein de l’Asie du Nord-Est (mais aussi) que l’exploitation du gaz de schiste paraît devoir être l’énergie de demain.

Toutefois, et à rebours des bonnes nouvelles suggérées par le titre de l’ouvrage, l’on y apprend par exemple que les ONG ne sont pas toutes exemplaires, que la reconstruction d’Haïti est en panne malgré une montagne de financements en attente de projets, que l’unanimisme des media français à l’égard de l’exécutif en place est à l’inverse de l’indépendance du 4ème pouvoir aux USA, que le Japon actuellement gravement surendetté et en panne de croissance ne rebondira qu’à partir d’une décentralisation au niveau local des décisions stratégiques, ou encore que le flux des chercheurs européens vers les Etats-Unis n’est pas prêt de se tarir.

Je conclurai par la sage observation que nous livre Guy Sorman, à savoir que « dans les conflits contemporains, la distinction entre vainqueurs et vaincus n’est plus aussi évidente que jadis. La guerre est une mêlée confuse qui ne permet plus de planter son drapeau sur un promontoire et de proclamer la victoire : gagner, souvent, c’est ne pas perdre. L’armée américaine n’a pas perdu la guerre en Irak, mais nul ne sait encore si elle l’a gagnée ».

La lecture de cet ouvrage est vivement recommandée à qui désire comprendre la géopolitique de notre monde contemporain …