Sand Bar de Jean-Paul Daoust

Sand Bar de Jean-Paul Daoust

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 1 juin 2012 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 7 étoiles
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Vacances américaines d'un enfant

Un Québécois de Valleyfield passe ses vacances scolaires dans le Michigan, plus précisément à Prudenville. Il habite chez un oncle et une tante, tenanciers du Sand Bar situé en bordure du lac Houghton, où le petit héros tente de se rendre utile.

En fait, cette chronique estivale, inspirée de la vie de l’auteur, rapporte l’initiation d’un garçon à une certaine Amérique. Quoi de mieux qu’un bar populaire pour connaître les facettes secrètes de l’oncle Sam ! Et c’est le plus hot des 37 bars qui entourent le lac. Les femmes s’y présentent dans leurs plus beaux atours. Les soldats, qui s’entraînent dans la région, viennent pour faire la surprise-party, et les travelos s’y affichent avec leurs tenues exubérantes. À chacun sa version du Moulin Rouge pour oublier son quotidien routinier.

Le neveu est ébloui par ce faste quétaine (kitch) des années 1950-1960. Ça le change de son lycée de Valleyfield, tenus jadis uniquement par des prêtres, délaissant parfois la chaire pour la chair juvénile. De la rigueur ecclésiastique, il passe à un univers dépouillé d'inhibitions sous l’influence de l’alcool. Dans un contexte libre de tout code de vie, il découvre les plaisirs d’humains cachés généralement sous un masque de rectitude. De la Cadillac aux robes affriolantes, le héros se laisse happer par la vie à l’américaine, laquelle ne diffère pas beaucoup de celle des stations balnéaires.

La tante veille tout de même un peu à la moralité de son charmant neveu dans cet univers de perdition, même si elle n’intervient pas quand il se soûle comme un Polonais en acceptant les drinks des clients. La DPJ (département de la protection de la jeunesse) aurait retiré aux parents le droit de la garde de leur enfant, d’autant plus qu’ils sont bien conscients des conséquences de cette éducation. L’auteur sauve les meubles en ne faisant pas de ses personnages des êtres méchants. Dans d’autres contextes, ils se montrent profondément bons. La solitude de la vieillesse, la maladie et la guerre résonnent à leurs oreilles attentives à tous les maux.

Le roman remorque d’ailleurs, à travers un congé scolaire, les désarrois des Américains face à la mort du président Kennedy et de Marylin Monroe. Le racisme tel que vécu à Détroit, non loin de Prenville, les préoccupe également. Cette œuvre, qui en fera bondir plus d’un, colle à la réalité de nos voisins du Sud. Même l’écriture, truffée d’anglais, n’est pas sans rappeler Les Nouvelles Histoires du Wyoming d’Annie Proulx. Bref, c’est un résumé succinct (97 p.) et bien fait d’une initiation que je n’aurais pas voulue pour mon fils.

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