La jeunesse de Théophile
de Marcel Jouhandeau

critiqué par Pucksimberg, le 2 juin 2012
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
L'enfance de Jouhandeau légèrement masquée par Théophile
Les romans de Marcel Jouhandeau touchent à l’universel, pourtant on a toujours l’impression qu’il ne parle que de lui ! Théophile est évidemment un avatar de Jouhandeau, c’est surtout un personnage qui l’intéresse pour sa relation avec Dieu d’où le choix de ce prénom.

Les parents de Théophile sont des bouchers et n’ont pas le temps de s’occuper de lui, ils le confient à Tante Ursule, femme fidèle aux principes religieux. Elle l’initie au monde des églises et le jeune Théophile sera envoûté par ces lieux qu’il trouve riches et séduisants telle une scène de théâtre. Deux autres femmes auront un rôle dans cette initiation religieuse : il y a tout d’abord Jeanne, une jeune carmélite, et Madame Alban, une virago, qui veut faire du jeune Théophile son prêtre personnel.

Le 20ème siècle a été marqué par des écrivains dont la foi était au centre même de leur réflexion comme Bernanos, Julien Green ou même Mauriac. Jouhandeau aborde la religion dans tous ses ouvrages, mais frôle souvent l’indécence ou le paganisme en dotant certains préceptes religieux d’une légère sensualité ou en se comparant souvent lui-même au Christ. C’est ce qu’il fait en partie dans ce roman.

Je dois reconnaître que toute cette réflexion me semble un peu dépassée, c’est surtout la psychologie du personnage principal qui m’a intéressé, lui qui est né avec un bec-de-lièvre et qui le justifie de manière surprenante. En effet, cette malformation est due au baiser de Dieu comme s’il était sans doute un être privilégié. Jouhandeau va même jusqu’à associer cette blessure à une circoncision, c’est sans doute cette manière de revisiter la religion qui rend son œuvre énigmatique.

Une œuvre dont les allusions religieuses peuvent sembler vieillottes, mais dont la richesse est ailleurs.