Atmosphère à la Twin Peaks

Heather Mallender, Laura Palmer, même combat ! Toutes deux ont disparu. Là, où dans la série télé visée Twin Peaks, le réalisateur David Lynch faisait disparaître la belle Laura Palmer, Robbert Goddard, dans son nouveau roman, fait disparaître la mystérieuse Heather Mallender. Car tout comme David Lynch, Robbert Goddard excelle lui aussi, mais sur papier à créer des atmosphères étranges et envoûtantes à la fois.
J’avais refermé « Par un matin d’automne », le précédent Robert Goddard, sur une fort bonne note. Les éditions Sonatine ont frappé juste en réveillant l’œuvre souterraine de cet auteur anglais C’est à nouveau le cas avec « Heather Mallender a disparu ». On est comme happé, dès les premières lignes, pour ne plus le quitter. Le genre de roman qui pourra vous tenir éveillé la nuit, rien que pour savoir ce que réserve la prochaine page.
Harry Barnett est un quinquagénaire anglais un rien brisé par la vie. Disons qu’elle ne s’est pas déroulée aussi bien qu’il l’aurait voulu ou qu’il n’a pas toujours eu les bons choix ou les bonnes fréquentations. L’une d’entre elles cependant ne lui a pas fait faux bond. Son ami ministre, Alan Dysart, lui a proposé de devenir gardien de sa villa sur l’île de Rhodes. Là, il se lie d’amitié avec Heather Mallender, une jeune notable anglaise, qui est venue passer ses congés dans la villa, pour se remettre du décès tragique de sa sœur Clare lors d’un attentat terroriste revendiqué par l’IRA.
Un jour la jeune femme demande à Harry de l’emmener visiter de nuit le mont Prophitis Ilias. C’est là qu’Heather se volatilise littéralement dans la nature. Meurtre, suicide, enlèvement, disparition volontaire, tous les scénarios sont envisageables. Mais, la piste évidemment privilégiée par la police est celle de ce pauvre Harry. Soupçonné donc, puis relâché, Harry n’aura de cesse de retrouver la trace d’Heather. Car , pour lui, c’est clair, elle est toujours vivante. Il va entamer ses propres investigations à partir d’une série de clichés photographiques que la jeune femme avait pris au cours des dernières semaines précédant sa disparition.
Des clichés qui vont inciter Harry à renouer avec son pays natal. Il va mettre ses pas dans ceux d’Heather, interroger les dernières personnes qu’elle a côtoyées, remonter la filière pour s’approcher de la vérité. Mais la vérité est-elle bien celle qu’il veut bien croire ?
Robbert Goddard excelle une fois de plus dans ce roman tout en faux-semblants et riche en fausses pistes. Idée intelligente de jouer sur ces clichés qui font évoluer l’enquête pas à pas. L’auteur excelle aussi dans la description des ambiances. Tous ses personnages sont drapés d’un voile de mystère. Et que dire de Harry, cet anti-héros, un brin alcoolique, qui va mener une enquête pleine de bon sens, mais non dénuée cependant de naïveté. Car, vous l’aurez compris, rien n’est jamais tout blanc ou tout noir. Robbert Goddard préfère les atmosphères troubles et brumeuses, chère à sa bonne vieille Angleterre. Personnellement, j’ai très vite décelé le coupable. Gênant ? Non ! Car, le mystère est plus épais encore. L’auteur arrive toujours à raviver l’intérêt de son lecteur jusqu’à la chute finale. Enorme. Ce livre se veut également une réflexion sur l’amitié, les faux-semblants et la trahison. Un roman qui tient éveillé jusqu’au petit jour. Un bon baromètre de qualité finalement.

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  Heather Mallender a disparu [Texte imprimé] Robert Goddard traduit de l'anglais par Catherine Orsot Cochard

  de Goddard, Robert Orsot-Cochard, Catherine (Traducteur)
  Sonatine Editions
  ISBN : 9782355841194 ; 21,30 € ; 12/04/2012 ; 606 p. ; Broché

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