Napoléon
de Vincent Cronin

critiqué par Oburoni, le 5 juin 2012
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Vive l'Empereur !
Publiée en 1971 cette biographie de Napoléon n'est pas toute jeune, et pourtant l'on aurait tort de s'en priver. C'est que, l'historien anglais Vincent Cronin ne se contente pas de revenir sur les grands évènements de l'épopée napoléonienne. Il se donne en fait pour but de donner à voir qui fut Napoléon, son caractère, l'homme derrière la figure historique. Le rendant ainsi plus accessible, personnel, humain cette biographie s'avère vite un incontournable qui ravira quiconque s'intéresse au sujet.

Étant difficile d'être objectif en abordant un tel homme, comme d'autres l'auteur cède bien sûr à ses préjugés. Lui est très partisan. Napoléon est en effet ici clairement présenté comme un homme incroyable, patriote, ambitieux non pour lui-même mais pour la France et dont toute la politique reflète un idéalisme révolutionnaire hors norme. Ceux qui partagent une telle opinion seront évidement ravis et, c'est ce qui fait de ce livre un bijou, ceux qui la rejettent le seront tout autant parce que, partant d'une telle vision la façon dont il aborde et tente d'expliquer certains faits que l'on croirait pourtant révélateurs (de la liberté d'opinion et d'expression à la campagne de Russie) vaut franchement le détour.

Certes, chercher à expliquer des faits historiques controversés à partir d'une personnalité tout aussi difficile à saisir n'est pas sans danger. Idéalisant son sujet, romancé, naïf aussi sûrement par moment de tels défauts s’effacent pourtant face au style fluide et très agréable de l'auteur. Au final, on referme cette biographie en se disant non pas avoir lu un énième compte rendu de l'épopée napoléonienne, mais avec le fort sentiment d'avoir revécu cette épopée aux côtés de Napoléon lui-même. C'était le but affirmé de Vincent Cronin; le pari est donc réussi avec brio.
place des grands hommes 9 étoiles

A une époque où la grandeur de la France n’est plus qu’un lointain souvenir, où nos hommes politiques de tous bords ont la personnalité d’huitre et une ambition pour la nation au ras de leur portefeuille et de leur intérêt propre, il est bon de souvenir que ce pays a produit de grands hommes, Napoléon est de ceux là. Une ambition personnelle (que l’auteur minimise) conjuguée à une vision de la grandeur de la France.
Ce livre a un parti pris, nous présenter Napoléon comme un être humain avec ses forces et ses faiblesses, ses certitudes et ses doutes. Il est étonnant d’ailleurs que ça soit un Anglais, sujet de la perfide Albion, qui en soit l’auteur, en aurait-il été de même si l’Histoire s’était terminée autrement ? Le découpage est pour le moins intéressant, il suit, certes, une Chronologie des faits , mais en appuyant dans chaque période sur un aspect personnel, sa relation à la Corse, à son père, à Paoli, sa relation aux femmes à Joséphine, à Marie Louise, ses amitiés et inimitiés, sa relation à l’église et à la religion, son rapport aux sciences, aux arts, ses ambitions d’unifier une Grande Europe continentale, et bien sûr la stratégie militaire et les campagnes qui ont fait sa gloire.
A n’en pas douter, l’auteur est un grand fan de l’homme qu’a été Napoléon 1er , attaché à la famille, fidèle dans ses amitiés, époux prévenant, père attentif, homme de culture, et par-dessus tout fidèle aux principes non altérables de la République.
Vincent Cronin nous décrit un homme certes Hyper actif, mais un homme attaché aux valeurs de la République, adulé par le peuple de France, idolâtré par ses soldats prêts à mourir pour lui mais aussi honnis par les Britanniques. Un homme qui a donné à l’Europe entière son code civil, une certaine forme d’unicité mais qui aura commis deux grosses erreurs durant son règne, celle d’avoir privilégié les réformes civiques aux réformes industrielles et de ce fait, aura fait manquer à la France le wagon de l’industrialisation et de la production en série et surtout un manque de psychologie humaine, croyant que tous les hommes étaient faits du même bois que lui et aura accordé sa confiance et son amitié à un Talleyrand, au Tsar Alexandre de Russie ou à François 1er d’Autriche , Un homme qui en 20 ans de guerres incessantes aura épuisé la plupart de ses fidèles et qui finalement sera lâché par ceux qu’il avait porté sur tous les trônes d’Europe.
Un seul Bémol finalement à apporter à cette critique, la fin est sans surprise.

Pytheas - Pontoise - Marseille - 59 ans - 24 janvier 2013