La Toison d'Or de Pierre Benoit
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Intrigue en Iran
Stanislas Monestier hérite d'un père, qu'il a à peine connu, de droits non négligeables sur l'exploitation pétrolière de Mendi Biskar, en Iran. Mais pressé de résoudre des problèmes financiers qui le contrarient dans son projet de demander en mariage Brigitte Holtzer, une jeune femme suisse à qui il donne des cours de perse, il vend à la va-vite son bien providentiel à deux banquiers, Messieurs Fasilinidès et van Brook, bien contents de la bonne aubaine. Sous la vive impulsion de Brigitte, Stanislas se rend à Asterabad pour tenter d'annuler cette transaction et récupérer son bien. Ainsi une course contre la montre se met en place, à coup de batailles de droit international. Mais le droit vaut-il autant que les jeux d'influences ? Si ce voyage peut réparer l'erreur de Stanislas, c'est que quelques personnalités pourraient bien le soutenir dans ses démarches. Il s'agit d'anciens amis de son père, qui auront peut-être une dette "morale" envers lui. C'est en effet grâce à ce dernier, par la découverte de ce gisement de pétrole, que ce petit état est devenu prospère. Mais que demanderaient-ils alors en échange ? Quant à ses adversaires les banquiers, quels appuis auront-ils sur place ?
Asterabad, la capitale, est administrée par une famille princière régnante, rattachée par des liens féodaux à Téhéran où se situe le pouvoir central. Le pouvoir est entre les mains de l'étrange et énigmatique princesse héritière Atalide, âgée de 25 ans, qui n'est pas revenue à Asterabad depuis deux ans. Depuis, c'est son oncle Xipharès qui exerce le pouvoir. Mais l'arrivée de Stanilas semble bousculer la tranquillité de ce petit état au peuple doux et pacifique, mais peut-être pas au courant de la richesse de son pays. N'est-on pas en train d'étouffer un scandale lié à des intérêts publics détournés à des fins privés nationaux ou internationaux ? Dans cet imbroglio, une pléiade d'acteurs vont intervenir. Mais qui est véritablement sincère dans cette aventure ? La sultane Zemire ? Valentine, la fille d'un des deux banquiers qui semble mystérieusement s'allier à Stanislas ? Le religieux Khaled-al-Mansour ? Le grand vizir Mirza Abbas ? Quant à Atalide...
Stanislas est emprunt de philosophie et de sagesse orientale et cite tout au long de ce roman des proverbes et des extraits de texte ou de poésie perse. Il incarne finalement un homme, certes assez naïf, mais moderne par cette double culture (franco-iranienne). Dans ce périple, il se rapprochera de trois femmes, auprès desquelles il aura du mal à se situer. Il éprouvera des sentiments pour elles ; il sera très troublé par ses désirs.
Plongé dans une douce rêverie, il a du mal à faire carrière comme l'avait fait son père. Echouant régulièrement à des concours, il végète comme pion d'internat dans un lycée parisien. D'ailleurs, Pierre Benoît, qui n'évoque pas à ma connaissance le monde de l'enfance dans ses romans, délivre, à travers des dires qui sonnent faux dans la bouche de Stanislas, des propos assez durs sur les enfants tels "nous n'aurons plus à nous plaindre de personne, à part quelques sales moutards dont la vie se chargera bien de nous venger". Pourtant, il s'agit du célèbre lycée Henri IV, soit l'un des plus réputés de France.
Autre chose, plus amusante cette fois, est cette citation qui semble inventée de toute pièce : " Que conseilleras-tu au pesant frelon, au pesant frelon ou au pesant critique ? Au moins, puisque tu ne produis pas de miel, ne pique pas", par laquelle il semble se défendre de ses détracteurs, notamment certains critiques littéraires qui ne l'ont pas lâché durant toute sa vie.
Faute à une intrigue qui s'essouffle un peu à un moment donné, laquelle est dotée d'une fin assez attendue, presque sans surprise, ce roman ne pourrait prétendre à être l'un des tous meilleurs de l'auteur. Mais, qualité déjà remarquée par ailleurs, c'est encore une fois la description du cadre exotique qui "sent le vécu" qui nous séduit. A cela se rajoutent les nombreuses citations et auteurs mis en avant. On sent ici la volonté de l'auteur à nous faire comprendre de façon pédagogique certaines données recueillies. Il donne envie de continuer à en savoir davantage, d'explorer d'autres pistes intellectuelles. Nous pouvons faire confiance à Pierre Benoît quant à la véracité de ces références. On sait en effet que l'auteur effectuait avec honnêteté et minutie de long mois de recherches (lectures, voyages, échanges in situ...) avant de rédiger son roman en quelques mois seulement.
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