L'aigle à deux têtes
de Jean Cocteau

critiqué par Pucksimberg, le 12 juin 2012
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Une reine qui reçoit la visite de l'Ange de la Mort
Dans cette pièce, la reine d’un royaume allemand porte le voile depuis que son mari a été assassiné le jour même de leur mariage. Triste, impériale et vierge, elle reste enfermée dans son château de Krantz jusqu’au jour où un homme, Stanislas, jeune poète anarchiste fait irruption dans son château dans l’intention de la tuer comme il le dit lui-même. Au lieu de le chasser et de crier à l’aide, elle voit en lui son destin et l’accueille tel un invité respectable. Elle apprend que son potentiel assassin est aussi l’auteur d’un texte virulent dans lequel il dénonce le comportement de la reine.

Ces deux êtres que tout oppose incarnent des idées aux yeux de Cocteau. Le mystère plane : le soir la reine s’apprête à dîner avec son époux décédé, elle tire les cartes pour mieux comprendre l’avenir, les personnages ont le sentiment d’appartenir au rêve d’une autre personne comme s’ils n’avaient aucune consistance … De plus, des complots politiques compliquent les relations entre les personnages.

Même si l’on a tendance à affirmer que Cocteau incarne le modernisme, cette pièce est influencée par les drames romantiques du 19ème siècle. Cocteau a été influencé par deux épisodes historiques pour l’écriture de cette pièce de théâtre : la mystérieuse mort du roi Louis II de Bavière qui fut déclaré fou bien avant sa disparition et l’impératrice Sissi assassinée par un anarchiste.

Le texte est beau, poétique et symbolique. L’imagination de Cocteau est fascinante, il transfigure la réalité et permet au lecteur d’accéder à une vérité qui nous dépasse. La pièce est touchante par les failles des personnages et les personnages se déchirent, s’enterrent dans les non-dits et jouent avec la sensibilité des autres protagonistes.

Cette pièce a été adaptée par Cocteau au cinéma avec Edwige Feuillère et Jean Marais bien évidemment.