L'Adolescent
de Yasunari Kawabata

critiqué par Veneziano, le 17 juin 2012
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Emois et émotions d'un pudique adolescent homosexuel
Cet illustre écrivain, Prix Nobel de littérature, rouvre son journal d'adolescence, l'analyse pour mieux se livrer à ses lecteurs. Il leur divulgue, avec pudeur et émotion, une forme certaine de timidité, son éducation par ses grands-parents, à la mort de ses parents, quand il était encore bébé, et les émois qu'il éprouvait pour les adolescents... de sexe masculin, de son établissement scolaire.
Il en narre sa gêne, ses relations, secrètes et tendres avec ces garçons, dont le principal d'entre eux, avec, par parenthèses, des citations de ses journaux intimes de l'époque.

L'ensemble est sensible, assez beau, et m'a pourtant quelque peu gêné, car il y a une part de voyeurisme, d'autant que certaines scènes intimes sont esquissées. Tout cela est aimablement troublant, tout en restant sincère et assez pudique, d'où un sentiment mêlé, dans sa globalité.

Merci à Nymphette de m'avoir initié à ce grand auteur de la littérature mondiale.
Un livre inoubliable 10 étoiles

Mon amour pour Kawabata n'a cessé de grandir tout au long de la lecture de ce livre écrit avec une sincérité touchante et un souci de se comprendre soi-même et de comprendre les autres qui n'a cessé de tourmenter Yasunari Kawabata lors de son enfance mais plus particulièrement lors de son adolescence. Il est constitué de lettres écrites à ses parents morts alors qu'il était très jeune et dont il ne garde aucun souvenir. Ensuite, il raconte ses années de collège et son amour pour un camarade de chambre, amour trouble mais très profond. Kawabata est subjugué par la beauté de ce jeune homme avec qui il partage souvent ses nuits peuplées de douces caresses.

Mais l'apothéose de ce très beau livre est le récit de la mort de son grand-père dont il doit prendre soin malgré son jeune âge et l'angoisse qui l'habite face à l'avenir et à son destin suite à la mort prochaine de cet homme constituant tout son univers. Deux courts récits viennent clore le livre dont l'un évoque la mort de sa grand-mère. Ce récit m'a émue au plus haut point. Yasunari Kawabata dévoile des moments de sa vie avec une justesse, une sincérité et une vérité profonde qui m'ont littéralement bouleversée. Un livre inoubliable d'une beauté toute simple et lumineuse comme seul ce grand écrivain japonais est capable de nous offrir.

"Ayant été privé de l'amour des miens depuis ma plus tendre enfance, je voyais la vie en noir et adoptais une vision des choses et une attitude qu'on aurait pu qualifier de honteuses. Me poignardant moralement moi-même, je jetais un cri et sombrais dans le désespoir."

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 30 décembre 2012