Un poker à Lascaux
de Normand de Bellefeuille

critiqué par Libris québécis, le 19 juin 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Vie familiale
La tribu familiale s’attable après le dîner autour d’un mauvais sherry pour jouer une partie de poker avec des cartes que des sœurs ont achetées lorsqu’elles se sont rendues dans le Périgord pour visiter la grotte de Lascaux. Simon, le fils de la maison, manifeste son impatience quand la pisse tarde : « C’est l’fun en calvaire quand c’est joué à peu près dans même journée c’game-là! »

La trame sert de prétexte à l’autobiographie romancée de l’auteur, qui a vécu dans une famille montréalaise au sein de laquelle trônaient des femmes bonnes comme du bon pain en dépit de leur apparence rugueuse. Femmes drôles, en particulier la grand’mère qui tente de se redresser les jambes à grands coups de bottin téléphonique. Ce sont leurs obsessions qui tiennent lieu de suspense. Chacune protège sa caverne pour survivre à l’instar de la grotte de Lascaux que l’on a interdite au grand public pour ne pas altérer le trésor qu’elle renferme. En fait, sous la tendre férule d’une aïeule forte en gueule, on bluffe pour projeter une image favorable de soi dans le cadre d’une complicité, qui ne berne personne en réalité. Manège inutile car on se sent bien à l’aise au 4843 rue des Érables.

Bref, sous la plume de Normand de Bellefeuille, ce merveilleux roman s’apparente à ceux de Michel Tremblay, qui évoquent le même quartier, voire les écoles de la même paroisse, soit celles de la paroisse Saint-Pierre-Claver avec son célèbre pensionnat des Saints-Anges.