Cefalû
de Lawrence Durrell

critiqué par FranBlan, le 25 juin 2012
(Montréal, Québec - 82 ans)


La note:  étoiles
Première lecture d’un grand auteur…
J’adore le frisson d’anticipation qui m’envahit immanquablement au début de chaque nouvelle lecture; anticipation du plaisir incomparable de découvrir un nouvel univers, une nouvelle histoire, de nouveaux personnages…, anticipation d’autant plus grande lorsqu’il s’agit aussi d’un auteur que je lis pour la première fois!
Mon désarroi, ma déception, ma tristesse, parfois même ma colère sont aussi grands lorsque la magie n’opère pas…

Abandonner, renoncer à compléter la lecture d’un livre demeure pour moi, lectrice passionnée et compulsive que je suis, l’action la plus difficile et excessive à poser; tout au plus réussirai-je à quitter temporairement la lecture du dit livre avec l’intention déterminée de poursuivre plus tard ma démarche dans de meilleures conditions…!
Je possède une collection non négligeable de ces lectures inachevées, elles sont tout de même plutôt exceptionnelles car dans la plupart de ces cas extrêmes, je m’acharne à terminer mes lectures, peu importe le niveau de plaisir que celles-ci me rendent en retour!
Bien m’en fasse, car dans ce cas particulier, j’aurais dû renoncer à une lecture qui s’est avérée finalement des plus envoûtante et surtout à un auteur des plus fascinant à découvrir!

Sur l'île de Crète, un labyrinthe a été découvert. La presse anglo-saxonne relate qu'un éboulement s'y est produit et que des victimes sont sans doute à déplorer. Tel quel, la conclusion de l’histoire nous est dévoilée dès les premières lignes; ce roman de Lawrence Durrell publié en 1947, se poursuit à Londres, dans une longue narration non linéaire de l’auteur qui procède à l’aide de nombreux retours en arrière à la description d’un groupe d’Anglais excentriques, un peu paumés, qui se retrouveront à bord d’un bateau de croisière sur la Méditerranée; ce groupe descend sur l'île de Crète dans le but précis d’y visiter, accompagné d’un guide, un dangereux labyrinthe local situé, près de Cefalù.

Le premier tiers de ce récit et sa longue narration passive, inanimée, m’a en premier lieu, tout à fait désolée!
Au deuxième tiers, les personnages s’animent peu à peu et dévoilent leur motivation ou but précis d’effectuer ce voyage; l’histoire se révèle un amalgame subtil de mystère, suspense, romance et étude psychologique…
Chacun d’eux se raconte et révèle ce qui les a menés à ce départ; lorsqu’au troisième tiers, nous assistons à l’excursion désastreuse à l’intérieur du labyrinthe et de la conclusion imprévisible de ce récit, nous sommes à bout de souffle et littéralement soufflés par l'ingéniosité, l’impétuosité et l’intelligence de ce récit en apothéose.
Qu’ajouter de plus, sinon la reconnaissance d’une expérience vive et unique, grâce à la prose de cet auteur renommé d’une qualité incomparable, toute en finesse, de subtilité désarmante et d’une efficacité inouïe.