Portrait du Joueur
de Philippe Sollers

critiqué par Pendragon, le 25 octobre 2002
(Liernu - 54 ans)


La note:  étoiles
La Balance se veut objective...
Bon ! Après avoir proprement descendu en flammes « La Fête à Venise », je me suis retourné vers un Sollers que j’ai dû lire il y a de cela environ deux ans. Pourquoi ? Et bien parce qu’il n'était pas encore critiqué et que finalement, ben, Sollers, je l'aime bien moi et que je ne voulais pas rester sur une note négative.
Ce roman est antécédent au « Lys d’Or », que je critiquerai sans doute un de ces jours, il explique un peu plus qui est Sollers. Il nous dévoile ici qui il est, ce qu’il fait et pourquoi il le fait. Certains livres sont des romans, des histoires, des inventions mêlés à beaucoup d’autobiographie ; ici, cet écrit est une autobiographie mêlée à un peu de roman.
L'histoire est celle de Sollers, exagérée certes, et de sa rencontre avec Sophie. Il s’ensuit une série de lettres et de scenarii qui sont, à tout le moins, d'une haute teneur sexuelle, et imbriqués dans un roman lui-même qualifié de cogitation sexuelle, vous imaginez ! Le tout saupoudré de quelques idées profondes sur le siècle et les gens qui y vivent et vous savez comment la sauce prend goût…
Le style est toujours le même, simple, direct, mais empreint de tant de verve, de puissance et de force qu'il en devient magnifié. Sollers reste ce philosophe un peu barjot et particulièrement bravache et rebelle, ce qui fait de ses romans des petits chef-d’oeuvres de style. Bien sûr, c'est un tantinet suffisant, exagéré et vantard. Comme un savant mélange entre Nietzsche (pour la philo), Henri Miller (pour la vantardise sexuelle) et Djian (pour la facilité d'écriture). Mais bon, c’est le genre de livre qui peut plaire…
Un vademecum des divers plaisirs 8 étoiles

Le narrateur fait état d'une série d'échanges avec Sophie, à propos de projets artistiques, d'écriture et de scénarii, dont le caractère libertaire et libéré est passablement accepté, même revendiqué. Le propos constitue l'occasion de faire état de ses fantasmes, d'une existence tantôt, réelle, tantôt rêvée, inspirée assez directement de celle de l'auteur. Le style varie du châtié et raffiné à un autre de type oral, presque télégraphique, ce qui détonne autant que cela donne de la vigueur aux développements. Il y est traité de philosophie, de voyage, de culture, de tous les agréments de la vie.
Protéiforme délibérément, presque décousu, tout en gardant une trame général, cet ouvrage fait autant sourire que réfléchir, ce qui n'est déjà pas vain, sur un ton souvent cabot, histoire de forcer un peu le trait. Aussi est-il bon de se laisser quelque peu guider, sans trop de planification. Déconcertant, ce livre vaut le coup.

Veneziano - Paris - 47 ans - 23 mai 2019