Solaris de Stanislas Lem

Solaris de Stanislas Lem
( Solaris)

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Otto, le 25 octobre 2002 (Chimay, Inscrit le 7 septembre 2002, 67 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 493ème position).
Visites : 5 387  (depuis Novembre 2007)

Tirée par les cheveux, mais...

Premier roman de LEM que je lis. Grande histoire, parait-il, qui a fait date dans le genre SF. Wouais... Le fond du scénario est quand même tiré par les cheveux! Imaginer un océan le seul être vivant et intelligent d'une planète est un peu fort. Mais l'histoire se tient bien, elle devient même captivante dans le sens où l'étude de la nature humaine prend toute la place finalement. cependant, il y a des longueurs "trop longues", vraiment. Enfin! je lirai d'autres succès de ce Stanislas pour vérifier si c'est pareil pour les autres.

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« L'océan pensait, vivait, agissait ».

8 étoiles

Critique de Rotko (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans) - 11 février 2015

Stanislas Lem, Solaris, Folio.

L’arrivée d’un nouvel astronaute, Kelvin, sur Solaris permet de mieux connaître cette planète et les deux scientifiques de service dans la station. Les deux soleils ne retiennent pas l‘attention, même s’ils contribuent au plaisir des yeux. Il faut s’intéresser à «  l’océan, cerveau protoplasmique, enveloppant toute la planète  ».

En clair, comment entrer en contact avec une autre intelligence ? Voilà la question scientifique à résoudre.

Lem ne tombe pas dans les trop nombreux clichés d’extraterrestres à cornes ou pattes vertes, mais imagine un «  océan qui pensait, vivait, agissait ». Or cette intelligence est capable de créer des répliques humaines, puisées dans les souvenirs et images des scientifiques en poste, c’est dire si ceux-ci sont perturbés par des créatures visibles et présentes, qui appartiennent à leur passé, à leurs fantasmes.

« L’océan savait reproduire… un corps humain, un corps humain perfectionné, modifié dans sa structure infra-atomique, afin de servir des desseins inconcevables  » . « fantôme nourri des souvenirs et d’images confus, puisés chez son Adam »

Kelvin débarque donc dans un entourage perturbé où chacun défend son intimité et ses secrets.

Là est à mes yeux le deuxième intérêt de cette histoire : un roman d’amour qui fait penser au beau film d’Alain Resnais, « je t’aime, je t’aime ». Harey, créature de l’intelligence océanique, est l’incarnation du passé de Kelvin, résurgence d’un amour tragique défunt. Mais la nouvelle Harey est un être innocent, un réceptacle de sentiments, susceptible lui-même d’attachement … Faudra-t-il revivre un ancien amour ou le recommencer avec un être neuf , si semblable à ‘ex-femme aimée ?

Les romans de SF valent moins par leurs justifications pseudo scientifiques laborieuses, que par les réactions humaines dans un environnement inédit, ou face à des situations totalement nouvelles. On ne s’attarde donc pas sur les justifications et précisions sur des « symetriades » et autres accessoires, pour vivre avec le nouveau venu cette passion qui le dévore - avec une « femme » dont il se méfie,

Kelvin reste sur ses gardes, autant face à ses camarades que devant cette résurrection d’une femme aimée, puis abandonnée ; il éprouve des sentiments mêlés de culpabilité - le passé, et d‘espoir, un futur ?

Deux films ont adapté ce récit :

Solaris, troisième long métrage d'Andreï Tarkovski, sorti en 1972,

Solaris, un film américain réalisé par Steven Soderbergh, sorti en 2002.

L'Océan

10 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 14 mars 2014

Un chef d'oeuvre absolu de la SF, de même que le film de Tarkovski, de 1972, adapté du roman, en sera un aussi (on évitera, en revanche, de parler du remake par Soderbergh, pas nul, mais totalement inutile). A la première lecture, et même à la seconde, les longues digressions documentaires sur Solaris, les 'monstres' qui s'y trouvent (Symétriades, Assymétriades, Mimoïde) et les différentes théories scientifiques au sujet de la planète m'avaient un peu saoulé. Ces passages sont cependant très réussis, et permettent d'en savoir un peu plus sur un lieu totalement fictif, et à la limite faire croire que Solaris et son Océan existent réellement.

L'écriture de Lem (un des meilleurs auteurs de SF qui soient, ou plutôt, qui furent, lisez "La Cybériade", assez humoristique, mais très remarquable) est efficace, et dans l'ensemble, "Solaris", son meilleur roman, est un vrai classique à lire à tout prix. Même chose à dire, en version 'on parle de film, maintenant', pour l'adaptation par Andreï Tarkovski.

Captivant

8 étoiles

Critique de Youridu34 (Mexico D.F., Inscrit le 9 septembre 2013, 33 ans) - 9 septembre 2013

Tout ce que l'on recherche dans la SF est là. Tout dans la SF est sous jacent, c'est au lecteur de trouver et d'interpréter. Pensées philosophiques, relations amoureuses, notion du temps.

Parfois j'avais l'impression de me retrouver dans le désert des Tartares de Buzzati. Très profond.

Bon parfois, il y a des longueurs il est vrai. Le rythme baisse vers la fin du livre, qui m'a d'ailleurs laissé un goût d'inachevé.

Il manque donc un petit quelque chose à ce livre pour qu'il passe pour un chef d'oeuvre absolu.

Un (le ?) chef d'oeuvre de la science-fiction

10 étoiles

Critique de Eric Eliès (, Inscrit le 22 décembre 2011, 50 ans) - 22 décembre 2011

Tout, dans ce roman, transcende les concepts de la SF. Il s'agit à la fois d'une interrogation profonde sur le sens de la vie humaine, sur les motivations de nos actes et sur nos aspirations, et d'une réflexion sur la place de l'homme dans l'univers, face à un être (l'Océan) dont l'existence même révèle les limites de notre intelligence et de notre sensibilité. Comme souvent chez Lem, dont toute l'oeuvre SF gravite autour de l'incommunabilité, la solitude et la finitude des personnages esquissent le drame de la condition humaine dont les ambitions et les certitudes s'émoussent face à la révélation d'une réalité incompréhensible et d'une vérité inaccessible. La progression du récit est lente mais inexorable ; l'altérité de Solaris, dont les manifestations fissurent jusqu'à le faire craquer le vernis civilisationnel et les conventions sociales au sein de la station, mettant les protagonistes face à eux-mêmes et les menant au bord de la folie, marque longtemps et profondément le lecteur. Solaris est sans doute le livre le plus connu de Stanislas Lem car le plus réussi mais son oeuvre la plus ambitieuse (sans compter ses essais sur la civilisation et son devenir) est peut-être "La voix du maître", roman de hard-science où l'humanité capte, en pleine guerre froide, un message qu'elle ne parvient pas à décoder malgré les efforts de la communauté scientifique. Stanilas Lem est par ailleurs capable d'un humour corrosif particulièrement plaisant dans les voyages d'Ijon Tichy.

Dimension philosophique et humaine

9 étoiles

Critique de Tiziana Orlando (, Inscrite le 8 octobre 2011, 49 ans) - 9 novembre 2011

Les critiques de Solaris passent très généralement à côté de son importance littéraire et de sa signification philosophique.

La trame "scientifique" est certes très originale et a en elle-même de quoi fasciner : un océan comme seule forme de vie intelligente jamais rencontrée par les hommes dans toute leur histoire, et que tentent d'"explorer", ou au moins de comprendre un groupe de savants. Mais elle ne doit pas cacher les implications vertigineuses du propos de l'auteur.

Un "être" unique, impossible à qualifier, à évaluer, à comprendre, parce que justement il nous dépasse très probablement, et de plusieurs ordres de grandeur..! Les scientifiques sont confrontés à la misérable petitesse de leurs connaissances ; d'ordinaire si sûrs de leurs méthodes, de leurs instruments, ils restent désemparés, abasourdis, stupéfaits par ce phénomène qui les domine.

Non seulement il se cassent les dents à explorer l'entité à laquelle ils font face, mais elle révèle peu à peu toutes leurs faiblesses, leurs failles intimes, les rend à leur dimension d'hommes (seulement) humains, incapables désormais de dépasser leurs limites et de comprendre leur propre place dans l'univers. Les "apparitions", dont la nature est au début impossibles à comprendre, générées par l'océan ne sont rien d'autre que la part cachée, obscure des cerveaux de chaque protagoniste. La folie les guette, car que faire si l'on se voit brusquement à nu devant son miroir, pensées et affects inclus, les pires, les plus inavouables ?

La portée philosophique de ce roman dépasse largement la science-fiction, et ce n'est pas les "amateurs du genre" qu'il vise, mais au contraire tout être humain. Dans le cours du roman, on découvre qu'une science toute entière la "Solaristique " est dédiée à ce phénomène vivant, mystérieux, effrayant et fascinant. De nombreux scientifiques et les meilleurs ont beau avoir apporté au fil des années et des recherches leurs connaissances, les conclusions de leurs cerveaux et de leurs instruments - l'être inconnu demeure un abîme ou les hommes contemplent leur propre ignorance. Que faire de l'infini de l'univers ? de l'éternité du temps ? de tout ce que la science de l'homme ne sait même pas comment aborder ..?

Ce roman est l'un ds rares à atteindre la transcendance, dans le sens où il nous offre plus qu'une simple oeuvre littéraire : par la matière intellectuelle, philosophique, humaine qu'il met en forme, il s'adresse directement à ce qu'il y a de plus profond en nous. Ce roman est bel et bien une oeuvre majeure, de tout premier plan.

Certes on peut juger qu'en tant que roman de science-fiction, le rythme est un peu lent, que les péripéties sont difficiles à saisir parfois -et pour cause, leur sens est au-delà de l'intrigue elle-même - mais cela reste marginal au regard de ce qu'il apporte.

Ajoutons qu'un film en a été tiré par l'un des grands cinéastes soviétiques, Andrei Tarkovski (qui a aussi réalisé "Stalker", "Le miroir.."). C'est un film lui aussi admirable, très lent, très beau, mais qui ne restitue qu'une petite part de ce livre. Néanmoins, il suggère pour qui sait regarder l'essentiel des interrogations de Stanislas Lev.

Scientifique, psychologique, évolutif et perspectiviste.

8 étoiles

Critique de FightingIntellectual (Montréal, Inscrit le 12 mars 2004, 42 ans) - 23 décembre 2006

C'est une technique narrative très intéressante que Stanislas Lem a utilisée avec cette histoire. Face à Kris Kelvin, ses deux collègues, Satorius et Snaut, sont en quelque sorte placés dans un rôle de lecteurs actifs de sa situation avec Harey. Snaut, lecteur proactif, interagit avec Kelvin, et Satorius lui, s'efface. C'est une étude évolutive et perspectiviste de la psyché du scientifique Kris Kelvin qui se trouve a l'intérieur du récit.

A lire pour les fans du genre.

Intelligent

8 étoiles

Critique de Arkady (, Inscrit le 29 mai 2004, 42 ans) - 3 juin 2004

Une planète. Un océan. Des humains. C'est alors que les rêves des humains se matérialisent. L'océan cherche à communiquer avec les humains...

Le principal atout de ce formidable roman est que Stanislas Lem a réussi à imaginer une forme de vie extraterrestre intelligente et radicalement différente de l'homme. En lisant ce livre on est fasciné par la planète Solaris et cette étrange forme de vie.

Comment nous comporterions nous si une forme de vie non terrienne cherchait à communiquer avec nous ? Solaris nous amène à réfléchir sur notre place dans l'univers, et aussi sur notre incapacité à voir le monde autrement qu'en tant qu'humains.

Un ouvrage inspiré et philosophique.

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