Les tribulations d'un lapin en Laponie
de Tuomas Kyrö

critiqué par CHALOT, le 5 juillet 2012
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Une épopée incroyable et plaisante
"Les tribulations d'un lapin
en Laponie"
roman de Tuomas Kyrö
éditions Denoël et d'ailleurs
329 pages
avril 2012
19,50 €

Un conte de fées dans l'Europe libérale

L'auteur, journaliste et écrivain finlandais ( finnois) signe ici son premier roman traduit en français.
Curieux par nature, je n'ai pas voulu attendre l'édition en livre de poche de ce roman rafraîchissant et "loufoque"...Je ne me plains pas sauf de l'avoir lu trop vite.
L'auteur a voulu rendre hommage à son mentor spirituel, le grand Arto Paasilinna. Le lièvre est ici un lapin mais l'histoire est toute différente mais aussi passionnante que celle racontée par Paasilinna.
Certains n'ont aucun projet, d'autres des projets grandioses, le roumain Vatanescu en a un, original, étonnant...Il veut offrir des chaussures de foot à crampons à son fils.
Pour attendre l'objectif fixé, il est prêt à tout et même à mendier sur les trottoirs d'Helsinski, à la merci d'un impitoyable homme de main de la mafia russe.
Le décor est vite campé.
Notre héros ne reste pas longtemps sous la domination du trafiquant d'hommes, il s'enfuit et essaye à la fois d'échapper à la mafia et à la police et de gagner quelques euros afin d'acheter ces fameuses chaussures.
L'histoire de cet homme et de son ami, le lapin est semé d'embûches mais aussi de rencontres sympathiques et burlesques.
Ce conte de fées nous fait découvrir la vie et les coutumes de la Finlande et aussi, avec humour et réalisme la vie de ces exclus ou peuples autochtones, exploités légalement et illégalement par tous ceux qui ont la recherche du profit comme simple moteur.
"Pour six euros, un chômeur finlandais ne bouge de son canapé que pour aller faire son loto sportif. Un Estonien, pour le même prix, quitte sa famille, loge dans une caravane et travaille quatorze heures par jour."
C'est cela le libéralisme économique et si la solidarité pouvait supplanter l'égoïsme et la xénophobie, le monde aurait un autre éclat !
L'auteur nous montre qu'il est possible d'aborder des questions sérieuses avec beaucoup d'humour en permettant aux lecteurs de se détendre et de sourire, voire même d'éclater de rires.
Il me fait penser à Charlot qui savait si bien nous faire réfléchir et nous émouvoir en abordant des problèmes graves habillés et non défigurés par le burlesque et comme c'est écrit justement sur la quatrième de couverture: par l'épopée bucolique.

Jean-François Chalot
Arto trahison 4 étoiles

L'auteur a voulu rendre hommage au truculent anarchiste Arto Paasilinna, mais Arto n’est pas un intello de formation et lui si; résultat l’intello aurait mieux fait d’aller faire bûcheron comme Arto à ses débuts, peut-être qu’il aurait appris quelque chose; ça recopie les personnages et situations burlesques sans caractère propre, ça déborde de philosophie de comptoir même pas au second degré, et ça finit dans un bain de guimauve: c’est pas un hommage c’est une trahison; J'espère que cet auteur changera de registre, et essaiera de faire une vraie création.
J'ai pas mis la note minimum car au début on y croit un peu...

Lifou - - 68 ans - 17 août 2016


Pas vraiment un coup de coeur 5 étoiles

Ostensiblement l'auteur veut être comparé à son maître, Arto Paasilinna et en particulier à son lièvre. C'était un risque de vouloir copier un style de roman et pour moi, c'est loupé. Ce n'est pas non plus une parodie. Même si certains considèrent "Le Lièvre de Vatanen" comme étant le livre de référence de Paasilinna, il est pour moi loin d'être le meilleur.

Si le style est proche, le récit semble au début sordidement réaliste, ce qu'on ne retrouve jamais à l'état pur chez le maître qui s'évertue à colorier ses récits d'humour lorsqu'ils font état de situations dramatiques. Cependant, au fil du récit, en forme de périple, l'histoire devient effectivement complètement absurde.

Je ne me suis pas non plus vraiment attaché au personnage principal de ce roman qui, héros malgré lui et certes sympathique, n'en demeure pas moins assez falot.

Ma conclusion est qu'il faut d'abord lire un ou deux bons Paasilinna avant d'aborder ce roman qui n'est pas à marquer d'une pierre blanche. Il reste tout de même instructif sur les trafics d'êtres humains, à supposer que l'auteur se soit correctement documenté.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 15 août 2012