Des cailloux dans le ventre de Jon Bauer
(Rocks in the belly)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
Moyenne des notes :
(basée sur 3 avis)
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(24 901ème position).
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Désir d'exclusivité
Le livre montre la difficulté d’exprimer ses sentiments, que l’on soit un enfant ou un adulte. L’histoire traduit l’incompréhension réciproque qui conduit à un gâchis humain de rancœur ressassée envers soi-même mais aussi les autres. Cela peut nous aider à comprendre la source cachée de comportements agressifs, seule soupape de ceux qui étouffent de ne pouvoir dire leur désir et leur mal-être autrement.
Ce drame familial australien est construit selon le principe de chapitres alternés : l’un est contemporain de l’histoire et l’autre remonte à l’enfance du narrateur alors qu’il avait 8 ans. Ce dernier est fils unique dans une famille qui accueille temporairement des enfants placés par les services sociaux, au point qu’il se dise lui-même adopté, jaloux que sa mère leur consacre du temps. Il se sent mal aimé et fait de nombreuses bêtises pour que ses parents s’occupent de lui, jusqu’à celle dont le remord le poursuivra jusqu’à l’âge de 28 ans. Car c’est à ce moment qu’il revient du Canada où il exerçait le métier de surveillant de prison car sa mère est atteinte d’un cancer bien avancé.
Les retrouvailles sont intérieurement brutales, pleines de non-dits. On assiste à la description de la déchéance physique et mentale de cette femme causée par la maladie. Il a des difficultés à maitriser son ressentiment accumulé qui revient à la surface. Toute la colère rentrée du narrateur et sa violence ressortent. Il s’en prend aux objets (destruction d’une vitrine notamment) et aux personnes (agression d’un automobiliste), se saoule abondamment, fume des joints pour se calmer et essaie de chercher une partenaire sexuelle pour se défouler.
Finalement un vieil homme rencontré dans un parc l’enjoindra de faire la paix avec lui-même. Lors de l’enterrement, il constate que sa tante a réuni 17 anciens enfants qui ont vécu chez eux et qui sont venus rendre hommage à sa mère dont ils gardent un souvenir émerveillé. Après avoir basculé le cercueil dans l’incinérateur, libéré et seul au monde, il va pouvoir enfin aller de l’avant.
IF-0712-3908
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Les éditions
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Des cailloux dans le ventre [Texte imprimé], roman Jon Bauer traduit de l'anglais (Australie) par Virginie Buhl
de Bauer, Jon Buhl, Virginie (Traducteur)
Stock / La Cosmopolite (Paris)
ISBN : 9782234071735 ; 11,49 € ; 28/03/2012 ; 368 p. ; Broché
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Des cailloux dans le ventre et sur le chemin
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 46 ans) - 1 juin 2020
Il est probable que je n’aurais jamais lu ce livre si je n’avais par hasard échangé quelques messages avec son auteur et laissé la curiosité m’y pousser. Je suis rarement (à tort sans doute) portée vers les récits liés aux relations parentales si clairement énoncées et, a fortiori, la complexité systémique des familles d’accueil. Et pourtant, me voilà, les dernières lignes lues, et avec devant moi un tas d’émotions à trier, filtrer, accueillir et comprendre.
Je n’ajouterai rien à l’évocation de l’histoire présentée dans les autres critiques mais j’ai très envie de mettre en lumière ce qui, de façon toute personnelle, a rendu cette lecture bien plus intense que ce à quoi je ne m’attendais. Tout d’abord ce que j’ai envie d’appeler les flèches narratives qui donnent au récit toute sa couleur et sa subtilité : cette capacité qu’a Jon Bauer d’utiliser des images si pertinentes pour décrire les émotions de ses personnages (évidemment son narrateur en premier) mais aussi aiguiser notre perception d’une situation, d’un échange, d’une tension dramatique. Le langage si adapté entre les deux époques… ce jeune narrateur, aventurier rêveur et perdu, dont le cœur si moelleux est déjà si blessé. Et puis l’homme adulte, qui a dû trouver un autre moyen que des histoires à s’inventer pour échapper à ses douleurs : addictions et violences envers lui-même et l’extérieur. Entre les deux, la mère, celle qui a en elle le nœud retenant tous les fils des blessures passées et présentes, la clé de la délivrance sans doute. Au creux de cette accumulation cristallisée de malentendus et de maladresses, sa maladie, sa fragilité qui les met à nus tous deux, elle et son fils.
Le narrateur adulte évoque à un moment que n’importe quelle carte est bonne quand on est perdu. Et qu’à ce moment-là de sa vie, il n’a après tout que la sienne pour s’en sortir. Et c’est un soulagement. Ce passage m’a vraiment touchée, évoquant cette quête, dans laquelle nous sommes pour bon nombre, de guides, de chemins à suivre, de modes de pensée, etc. qui seraient enfin les bons. Qui apaiseraient en nous ce qui doit l’être et éclaireraient enfin ces ombres avec lesquelles nous vivons tant bien que mal. Et qui au final, ne sont peut-être que les balises qu’on choisit ou pas de poser.
Et puis, la dernière ligne des remerciements : celle qui souhaite du soutien, à travers ce livre, à ceux qui portent encore leur enfance en eux. Et je me suis dit que d’une façon ou d’une autre nous la portions encore tous. Ce qu’elle a fait et fait encore de nous, dans toutes ses variations et ses richesses, dans toutes ses fêlures et ses émerveillements. A nous d’apprendre à ne plus la craindre ou la regretter, mais à la regarder avec bienveillance pendant que nous continuons à grandir.
une partie de vécu
Critique de Prouprette (Lyon, Inscrite le 5 février 2006, 41 ans) - 9 février 2014
On retrouve un homme de mon âge déjà cassé par la vie, une enfance difficile, une place à trouver au sein d'une famille en mouvance constante. Puis quand il arrive enfin à s'en échapper, la réalité frappe de plein fouet avec la maladie de sa mère.
Et j'ai connu cette maladie, j'ai vu ma mère comme lui l'a vue, et rien n'est faux, tout est réaliste... et plus d'une fois j'étais à deux doigts de faire les conneries qu'il a faites.
Enfin ça m'a beaucoup plus touchée que je ne l'aurais pensé, et l'écriture m'a surprise. Cette capacité à mettre des mots sur des sentiments et sensations tellement complexes. Et ce passage d'un vocabulaire et une pensée enfantins à une révolte adulte, j'ai adoré!
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