De Jésus à Jésus... en passant par Darwin
de Christian De Duve

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 17 juillet 2012
(Ottignies - 88 ans)


La note:  étoiles
Science et péché originel
Ce livre De Jésus à Jésus est un peu le testament de Christian de Duve. Il y raconte sa vie, son parcours scientifique et ses recherches qui lui ont valu le prix Nobel de médecine en 1974.
Ensuite, il nous dit qu’arrivé à l’âge de la retraite, il a repris ses lectures de jeunesse sur la philosophie et la religion et c’est nettement la partie la plus intéressante du livre.

La lecture de Darwin lui a fait comprendre que la faute originelle est la sélection naturelle. Elle est inscrite dans nos gènes : la sélection naturelle assure la survivance du groupe à condition qu’il soit capable de se battre contre les autres groupes.
Mais, aujourd’hui, la lutte entre groupes a pris de telles dimensions qu’elle pourrait entraîner la destruction du genre humain.

Alors il cherche des remèdes et ces recherches l’amènent à retrouver le Jésus de son enfance.
Il explique comment, à la lecture des Évangiles, il a compris que l’enseignement de Jésus est le seul qui puisse empêcher les conséquences de notre "faute originelle".

Mais sa foi ne va pas plus loin. Pour lui, Jésus est un mythe créé de toutes pièces par des gens bien intentionnés. Ce qu’il approuve absolument. Ce qu’il reproche c’est que l’Église se soit emparée de ce mythe. Il voudrait que le message de Jésus appartienne à la sagesse du monde et qu’il soit adapté aux exigences de l’humanité d’aujourd’hui.

Il définit enfin ce qu’est sa foi : en bon matérialiste, il refuse absolument le dualisme matière-esprit. Pour lui, tout est matière sous des formes différentes. Et, en bon athée, il refuse aussi le dualisme Créateur-créature. Ce n’est pas Dieu qui est incréé, dit-il, c’est la création.
Pourtant, il s’interroge sur la conscience, l’intelligence, les émotions artistiques… La science n’explique pas tout, reconnaît-il, et le développement extraordinaire du cortex, qui est le siège de la conscience dans le cerveau, reste pour lui un mystère absolu.

La croyance en Dieu, conclut-il, expliquerait bien des choses ; mais il s’accroche obstinément à sa conviction : « le mot croire n’est pas dans le dictionnaire du scientifique ».

En résumé, ce petit livre est une œuvre magistrale de réflexion et de méditation sur la science, la philosophie et la religion, écrite par un grand scientifique et un grand honnête homme.
L’ANGOISSE D’ÊTRE HOMME... 6 étoiles

On ne présente plus M. Christian De DUVE, biologiste de réputation mondiale, Prix Nobel de médecine en 1974 pour ses découvertes sur la cellule. Écrit à l’âge canonique de 95 ans, ce livre est une sorte de «Ce que je crois». Il est divisé en deux parties bien distinctes, la première étant une sorte de biographie, la deuxième une sorte de testament spirituel.

Si j’ai trouvé la première partie intéressante, je n’ai pas du tout apprécié le « Moi je, moi je, moi je.. » et les « J’ai, et j’ai et j’ai… ». Je comprends aisément que M. De DUVE est sans doute un des esprits les plus brillants de notre temps, mais un peu plus de de modestie m'aurait sans aucun doute beaucoup facilité la lecture de son récit!...

La deuxième partie du livre développe les croyances «religieuses» du scientifique. Il n’est bien sûr pas croyant, mais il a une idée "bien à lui" et bien arrétée de la croyance Il prône tout d’abord une réforme en profondeur de l’église « venant de la base », car il condamne sans pitié la « structure » de l’Église catholique. Selon ses propres termes : «organisée sur un mode pyramidal qui accorde l’autorité suprême à un individu unique, issu lui-même d’un petit cénacle auto-perpétué de vieillards célibataires et misogynes, souvent d’intelligence brillante, mais engoncés dans leur pourpre, leurs rites, leurs certitudes et leurs prétentions de légitimité ».
Voilà qui a au moins le mérite d'être clair et net!...

Il développe ensuite le concept de «péché originel génétique», une sorte de « tare » génétique, présente dans notre génome depuis la nuit des temps, et qui pousse irrésistiblement l’être humain à se détruire. En d’autres mots, nous courons à notre perte et à vitesse grand V. C’est dans ce cadre que Jésus,- et non Dieu, ni la religion, ni l’Église-, peut être avec son message d’Amour universel salvateur, une sorte de guide, nous menant donc à notre sauvegarde…

Je n'en dirais pas plus, je laisse le soin au futur lecteur de tout découvrir dans le détail. La «thèse» développée par M. De DUVE ne manque certainement pas d’intérêt, toutefois le postulat de base d’un «péché originel génétique » me semble un peu trop simpliste et surtout beaucoup trop réducteur, pour toute cette démonstration…

Je ne nie pas que M. De DUVE soit un grand biologiste, mais, à mon avis, pas un grand philosophe. Après tout à chacun son métier !…
Il semble ici plutôt faire de la philosophie «de cendrier» qu'autre chose…
Après tout, pour nous « pondre » une phrase qui dit (Pg 83) « L’art est porteur de l’émotion», faut-il vraiment avoir reçu un Prix Nobel de médecine ?...

Un livre à lire sans doute, mais indispensable ? Sans doute pas !...

Septularisen - - - ans - 24 août 2012