Le combat contre les ombres
de Georges Duhamel

critiqué par CC.RIDER, le 19 juillet 2012
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Victime des médias
1914. Laurent, devenu chef divisionnaire à l'Institut National de Biologie, se voit infliger la présence de Birault, un assistant aussi incapable que déplaisant. Malgré tous ses efforts, il ne parvient pas à s'en débarrasser car l'homme est pistonné et bénéficie du soutien de Larminat, son supérieur hiérarchique. La presse en fait écho. Justin est maintenant rédacteur en chef de l'Eveil de l'Ouest, un journal nantais. Raymond, le père, a changé de lubie. Il enseigne quelque temps « le secret du prestige personnel » sous le pseudonyme de « Professeur Guillaume de Nesles » avant de partir voyager en Algérie avec sa jeune secrétaire. Laurent et Jacqueline Bellec se fiancent et n'auront pas le temps de se marier car survient la mobilisation générale. Joseph, Ferdinand et Laurent sont appelés. Raymond et Justin engagés volontaires.
Ce « Combat contre les ombres », huitième tome de la Chronique des Pasquier, mérite bien son titre. En effet, Laurent, qui se retrouve sur le devant de la scène, est contraint de lutter contre des forces aussi puissantes qu'incompréhensibles pour lui. Il est victime de la rumeur et petit à petit broyé dans une cabale médiatique, très soigneusement décrite par G. Duhamel. Alors qu'il a raison et qu'il est en position de victime, la presse et la lâcheté du milieu scientifique arrivent à renverser les valeurs et à le faire passer pour un tyran et un incapable. Petit à petit, il perdra tous ses avantages , sa réputation d'homme intègre et jusqu'à son travail dans une affaire ridicule de mesquinerie. Il y a du Maupassant ou de l'Anatole France (« Crainquebille ») dans ce livre à l'intrigue particulièrement bien menée. Le lecteur quitte les héros de cette famille de français moyens un peu extravagants à un moment crucial, celui où le monde bascule dans les horreurs de la guerre...
Une cabale 9 étoiles

Ce volume (le huitième) est le meilleur de la série (jusqu'à présent). Il m'a passionné de bout en bout. On retrouve Laurent, le personnage central de la saga, bien établi comme chercheur en biologie. Il est respecté, aimé par ses subalternes et collègues. Mais il se trouve entrainé dans une cabale médiatique, et cette histoire prend une dimension disproportionnée au point de lui pourrir la vie. Heureusement il peut compter sur son meilleur ami, Justin, et il trouve aussi l'amour.

Alors que l'Europe se dirige vers la grande guerre, la famille Pasquier continue à nous enchanter par les événements qui secouent leur destinée. L'écriture est somptueuse, parfois l'auteur se laisse aller à des envolées lyriques. Le vocabulaire un peu daté sent bon l'époque. La série reste passionnante.

Saule - Bruxelles - 59 ans - 13 décembre 2024


La descente aux enfers. 10 étoiles

Tout ce huitième volume est centré sur le fils Laurent, le bon fils, le scientifique appliqué, l’homme intègre et honnête qui incarne probablement l’auteur. Selon moi, c’est le meilleur volume jusqu’à présent. Laurent est chef d’un laboratoire de recherche médicale à l'Institut National de Biologie. Il est arrivé là par son travail. Le ministre dont il dépend lui impose un « pistonné » dont Laurent ne veut pas. Il a la mauvaise idée de confier son embarras à la presse qui s’empresse de provoquer une polémique monstre entre les milieux scientifiques et les milieux politiques. Toute l’histoire se résume à ça. Mais c’est « du vécu ». On vit en direct la descente aux enfers d’un honnête homme en lutte contre les requins de la politique. C’est vraiment tragique mais ce n’est pas nouveau et ça existera toujours tant que la politique se mêlera de ce qui ne la regarde pas. Comme toujours chez Duhamel c’est au lecteur de juger les hommes et de se demander qu’aurais-je fait à leur place ?

Ce huitième volume de la série Pasquier est un très grand cru ; on sent que l’auteur est à l’aise dans le milieu qu’il décrit et ici son talent a atteint une perfection.

Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 88 ans - 21 décembre 2023