L'empereur du Portugal
de Selma Lagerlöf

critiqué par Pucksimberg, le 28 octobre 2012
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
L'amour touchant d'un père pour sa fille
Jan Andersson n'a jamais été séduit par l'idée d'être père et voit ce changement comme un encombrement, mais le jour où il le devient sa vie est bouleversée à jamais. Cette petite fille devient sa priorité et il se dévoue pleinement à cette Claire-Belle, joli prénom soufflé par le soleil comme Selma Lagerlof l'écrit elle-même. Leur relation est fusionnelle jusqu'au jour où ils devront se séparer parce qu'un propriétaire terrien réclame une forte somme financière à Jan s'il souhaite toujours habiter sa maisonnée avec Katrinna son épouse et leur fille solaire. Agée de 18 ans, Claire-Belle souhaite rapporter cet argent en partant dans une grande ville et en promettant à ses parents un retour proche.

L'attente est longue, très longue, s'ensuivent de petits arrangements que signera Jan avec la réalité afin d'adoucir l'absence de sa fille. Les villageois commentent la vie amorale que mènerait Claire-Belle loin du petit village, alors que Jan sent qu'un grand avenir l'attend, sans doute même une vie royale ... Je ne souhaite pas en dire plus afin de ne pas gâcher le plaisir des prochains lecteurs.

Ce roman simple, composé de courts chapitres, charme le lecteur. Selma Lagerlof nous plonge dans la Suède qu'elle connaît bien, celle où les hommes du peuple sont très croyants, redoutent de croiser des trolls en forêt et affrontent la dureté des hivers nordiques. Jan est un père profondément bouleversant par l'amour qu'il éprouve pour sa fille, pour son caractère sacrificiel ( on n'est pas loin du roi Lear de Shakespeare ou du père Goriot de Balzac ) et pour sa capacité à recréer la réalité afin qu'elle soit plus soutenable.

Ce roman est magnifique, simple et repose sur des valeurs qui sauront séduire les lecteurs qui aiment les belles histoires. Le roman a parfois des allures de conte, mais très vite la réalité prend le pas avec pudeur et humanité.