Le Voyageur distrait de Gilles Archambault

Le Voyageur distrait de Gilles Archambault

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Saumar, le 25 juillet 2012 (Montréal, Inscrite le 15 août 2009, 91 ans)
La note : 8 étoiles
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Roman de réflexion

Dans « Le Voyageur distrait », un écrivain d’âge mûr, professeur d’université accepte, sans enthousiasme, d’écrire avec son ami Julien un livre sur Jack Kerouac. Pour se documenter, ils se rendent à Lowell et New York. En cours de route, Michel, le narrateur, pense souvent à Mélanie, l’amie qui partage sa vie. À San Francisco, où Michel se rendra seul, il réalisera son désir de revoir Andrée avec qui il avait déjà vécu. Rentré à Montréal, il se réfugie dans « sa coquille » telle est l’expression qu’il emploie pour désigner sa maison de briques rouges, refuge de la passion et du désordre intérieur passé. Ce roman se rapproche de la catégorie des romans dits psychologiques, car la narration est surtout composée d’analyses et de commentaires du narrateur. Parfois, le monologue intérieur se greffe au dialogue pour rapprocher ou accroître la distance entre les deux amis. voilà un court résumé.
Deux thèmes majeurs s’entrecroisent tout le long du roman : l’écriture et l’obsession du temps qui passe. Michel réfléchit constamment sur la fuite du temps qui émousse le goût de vivre et rend futile tout projet, même celui de l’écriture. D'abord, il est fasciné par l’étude de Kerouac qui lui projette sa propre image. Puis il y renonce. Cette prise de conscience de « l’inutilité de tout » accentue le désir chez Michel de retourner se réfugier avec Mélanie dans la solitude de sa maison. Il choisit de vivre que dans la douceur. Julien se mettra donc seul à l’étude de Kerouac.
L’obsession du temps est traitée surtout par le monologue intérieur, difficile à déceler parce-ce qu’il n’est pas incarné par un personnage, mais plutôt noyé dans l’écriture. Michel retrouve ses souvenirs et tremble à la pensée de rencontrer Andrée, la femme divorcée qu’il avait tant aimée. En passant quelques jours avec elle, « je vais souffrir et peut-être la faire souffrir. » Possessive, Andrée a toujours le mal de vivre. Désabusé devant sa déchéance, Michel préférera retourner se réfugier avec Mélanie dans sa coquille. Enfin, il trouve désolant la rupture avec Julien, son ami depuis vingt ans. Il a dû renouer. Après tout, c’était lors d’une soirée bien arrosée qu’il lui avait dit des choses blessantes. C’est donc un récit de voyage d’amitié où les vérités profondes de nos deux héros se révèlent. Pas surprenant lorsque la fidélité n’est pas au rendez-vous.
La plume abondante et personnelle de l’auteur, Gilles Archambault, est à la fois simple et subtile. Ce sont les nombreux monologues intérieurs qui renforcent ce psycho-récit, mais, en même temps, il nous laisse l’impression que le héros narrateur n’est jamais satisfait. Serait-il plutôt hanté par le problème de l’écrivain déchu? Bon roman de réflexion. Je le conseille à tous ceux qui aiment les méandres de l’âme.

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