Le Maître d'escrime
de Arturo Pérez-Reverte

critiqué par Folfaerie, le 8 novembre 2002
( - 56 ans)


La note:  étoiles
En garde !
A la fin du siècle dernier, le maître d'escrime Jaime Astarloa (qui n'est pas sans rappeler un Athos vieillissant) survit tant bien que mal grâce aux quelques leçons qu'il donne à un petit groupe de riches héritiers de Madrid. Le vieux maître, aux manières démodées, s'efforce de préserver son art, tendu vers l'unique but de sa vie : découvrir la botte parfaite. Un jour, il reçoit la visite de la belle et mystérieuse Adela de Otero, désireuse de parfaire ses talents d'escrimeuse. L'apparition de la belle va déclencher toute une série d'événements : meurtres sanglants, scandale politico-financier, menace de guerre civile... qui vont obliger le maître à quitter le refuge de sa salle d'armes. Pour sauver sa vie, Astarloa devra faire appel à toute la science de son art. Excellent roman historico-policier, qui ressuscite le bon vieux cape et d'épée, sous la plume alerte et talentueuse de REVERTE, "le maître d'escrime" vous donne une furieuse envie de manier le fleuret !
Êtes-vous prêts? En garde! 9 étoiles

Assurément la lecture qui m'a le plus accroché depuis plusieurs mois!
La recette est simple mais efficace : prenez quelques personnages attachants et mystérieux, rajoutez une intrigue bien ficelée, mettez-y un soupçon d'action, saupoudrez le tout d'un contexte historique qui ajoute un certain charme et assaisonnez le tout d’un style élégant et vous obtiendrez un excellent roman.
Arturo Perez-Reverte m’a littéralement happé dans cette aventure qui petit à petit s’est mise en place avec la découverte des deux personnages principaux. J’ai aimé le début de leur relation et surtout la façon dont elle nous est racontée, leurs caractères, l'histoire, l'intrigue et les scènes d'action.
Ce Maître d’escrime rend un bel hommage aux romans de capes et d’épées.
Touché !

Sundernono - Nice - 41 ans - 2 avril 2024


Un exercice de style ? 7 étoiles

Perez-Reverte aime l'histoire ; à ce titre le contexte et les personnages sonnent très juste. Ensuite, comme Perez-Reverte aime l'histoire, il réfléchit beaucoup sur le passage du temps, aussi bien personnel qu'historique, et c'est plutôt réussi. Néanmoins, il manque le souffle d'autres oeuvres de Perez-Reverte : c'est intimiste et ça ne décolle jamais tout à fait. Le personnage de la femme est un peu un poncif de la littérature de cape et d'épée (même si le roman ne s'y rattache qu'indirectement).
Bref, un livre avec du style, mais une simple passe d'arme comparée au reste de l'oeuvre de l'Espagnol.
Reste le personnage principal, auquel je suspecte Perez-Reverte de s'identifier un peu trop, mais qui est quand même magistral : le point fort de l'oeuvre.

Frereanselme - - 45 ans - 21 décembre 2011


Fier Hidalgo 6 étoiles

Comme toujours, Perez-Reverte s’est choisi un thème, ici l’escrime, et en épuise tout le vocabulaire technique. Cela n’aide pas le profane à visualiser les scènes de duel qui doivent pourtant être haletantes.

Néanmoins, le livre est assez réussi. Après un début un peu lent, l’arrivée du personnage féminin suspense s’installe et le récit est définitivement lancé. Et puis, ce maître d’escrime, honnête et droit, vivant dans son univers, refusant de regarder le monde s’écrouler autour de lui, est, ma foi, bien sympathique.

Maya - Eghezée - 49 ans - 14 avril 2005


Habile estocade 7 étoiles

"Le jour où s'éteindra le dernier maître d'armes, tout ce que la lutte ancestrale de l'homme contre l'homme a encore de digne et de noble descendra dans la tombe avec lui."
Cet extrait dans sa limpidité donne à lui seul la philosophie de ce maître d'escrime, Don Jaime, conservateur, désuet, naïf, hors du temps mais déterminé dans toute sa dignité à y rester.
A cette image, l'écriture du roman s'accorde aussi très bien, étant elle-même en décalage, stylisée, taillée au fleuret (facile, j'en conviens!). En fin de compte, la lutte entre Bien et Mal s'impose assez aisément, un homme hors de la politique et des tourments de la vie madrilène se laisse troubler par la sensualité et l'orgueil, fier et digne qu'il était de ne plus succomber et de maintenir sa vie dans une parfaite ligne de conduite, avec pour seule obsession cette quête du Graal, son propre Graal, cette botte imparable que tout maître d'armes brûle de découvrir...
Le suspense est bien maintenu, le phrasé délectable. Un roman noble qui met en héros un art tout aussi noble, sa science, sa grâce et son élégance.

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 20 septembre 2003


Une fine lame 7 étoiles

...et une plume bien aiguisée, ce Perez-Reverte. Ce grand admirateur de Dumas nous confronte de nouveau à la femme fatale, mythe qu'il cultive avec délectation, en bon méditarranéen qu'il est. Ici la jolie bretteuse annonce l'héroïne du "Cimetière des Bateaux sans Nom". Entre les mains habiles de ces créatures, les machos ont beau se débattre : ils fondent lorsqu'elles fondent sur eux.
Une belle leçon d'escrime, à fleurets de moins en moins mouchetés au fil des pages. Un duel à mort, mais aussi un troublant pas de deux. Pas un chef d'oeuvre, mais du bon Perez-Reverte, tout de même. Sur ce, je romps et vous salue. Tiens, au fait : pourquoi les Espagnols disent-ils "Je te veux" plutôt que "je t'aime" ?

Persée - La Louvière - 73 ans - 10 novembre 2002