Passionnante préhistoire

Pour quelqu’un qui a gardé un souvenir nostalgique de l’originale et belle saga des Enfants de la Terre de Auel, refaire le long voyage vers les temps reculés de nos origines est une expérience à ne pas rater.
Ce premier opus (d’une série de trois) intitulé « l’Odyssée du dernier Néanderthal » nous emporte aux confins de l’Europe septentrionale à une époque où tentent de survivre les hommes de Néanderthal alors même qu’apparaîssent des tribus d’hommes « nouveaux », les Cro-magnon , s’insinuant de plus en plus avant sur leurs territoires. Ces hommes « oiseaux », plus grands, plus sveltes, aux techniques plus complexes, sont aussi hostiles et agressifs. Le clan d’Ao va donc partir à la recherche de nouveaux territoires de chasse plus au nord (le cercle arctique) pour tenter de survivre. Malheureusement, ils ne parviendront pas à s’y implanter et devront faire marche arrière. Au terme de cette longue errance, Ao le dernier survivant de son groupe revient sur le territoire des « hommes-oiseaux » auxquels il va se confronter. Dans sa fuite, il rencontre une femme cro-magnon, issue du clan « des hommes du lac », dont la tribu a eu aussi à souffrir des intentions belliqueuses de ces nouveaux arrivants. Tout les sépare : elle est une femme « moderne », il est un homme « ancien », leur langage, leur coutumes diffèrent, pourtant l’adversité va les obliger à cohabiter...
Ce scénario semble suivre les théories de la préhistorienne Marylène Patou-Mathis (CNRS) spécialiste de Néanderthal, qui envisage un Néanderthal peu agressif, contraint de -40 000 et - 30 000 à céder la place à Homo Sapiens, imaginant chez ce dernier, outre sa plus grande diversification alimentaire, une certaine agressivité devant laquelle Néanderthal dut peu à peu reculer jusqu'à l'extrème ouest de la péninsule ibérique (les fouilles de Gibraltar en donne les traces les plus récentes).
Ce roman préhistorique se lit très facilement. L’histoire est bien pensée, préhistoriquement plausible, et sans longueur. L’auteur s’est nourri des récentes découvertes archéologiques qui font mentir des théories plus anciennes, accréditant la thèse d’une infériorité culturelle ou cognitive des hommes de Néanderthal. Il nous en donne une vision plus valorisante, celle d’une espèce d’hommes différents, dont rien ne dit qu’ils étaient intellectuellement moins performants, dont les pratiques culturelles et spirituelles ne font aujourd’hui plus de doute, des hommes capables de créer des échanges, des hommes dont la disparition reste encore à l'état d'hypothèses.
Il y aborde en outre les thèmes, toujours d'actualité, de la différence, de la tolérance, de la peur de l’autre.
Le style très accessible (écriture au présent), peut être ressenti comme un peu plat et banal,voire simpliste, mais il convient me semble-t-il, au thème qu’une écriture sophistiquée desservirait certainement.
Bref, un bon moment de lecture distrayante pour les passionnés comme moi de préhistoire, frustrés de la piètre production littéraire de ce genre.
Je m’attaque sans tarder au tome 2.

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  Ao, l'homme ancien [Texte imprimé] Marc Klapczynski

  de Klapczynski, Marc
  Aubéron
  ISBN : 9782844981516 ; 19,00 € ; 03/05/2010 ; 304 p. ; Broché

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