La moitié du paradis
de James Lee Burke

critiqué par Tistou, le 22 novembre 2013
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Premier roman de James Lee Burke
Ecrit en 1965, « La moitié du paradis » est effectivement le premier roman de James Lee Burke mais il n’est sorti, traduit, en France qu’en 2012. J’imagine aisément que l’engouement pour cet auteur a donné cette (bonne) idée à la maison « Rivages/Thriller.

« Le lyrisme, l’élégance et l’humanisme qui caractériseront son œuvre y sont déjà très perceptibles. »

C’est ce que dit la quatrième de couverture et il n’y a pas à revenir là-dessus. Certes Dave Robicheaux n’est pas encore né de la plume de James Lee Burke mais tous les ingrédients sont là. La Louisiane étouffante et corrompue, la misère des petites gens, le racisme latent, une nature sauvage et intimidante … Et le désespoir au bout du chemin, comme si la rédemption ne pouvait exister.
James Lee Burke décrit le destin de trois jeunes gens d’origines différentes pour parvenir à un constat similaire ; l’enfer est plus proche de la Louisiane qu’on ne le pense ! Que ce soit Avery Broussard, fils de petits blancs tirés vers la paupérisation, J.P. Winfield qui rencontre un moment la gloire comme musicien de Blues ou Toussaint Boudreaux qui gagne un temps sa vie comme boxeur mais qui fait un combat de trop, tous plongeront, pour trafics divers, consommation de drogues.
James Lee Burke, déjà en 1965, était sans illusion quant au fameux rêve américain. Il est sans illusion et il nous explique pourquoi. Les points sur les i. Qu’on rassure ( !), il n’a pas changé d’avis et chez le Dave Robicheaux actuel l’honnêteté ne paie toujours pas en Louisiane et les riches sont des parvenus qui n’ont reculé devant pas grand-chose … Une chose est sûre : la Louisiane de James Lee Burke n’est pas le pays des Bisounours (le Montana non plus puisqu’il partage sa vie, et sa plume, entre ces deux Etats).

« Il attendit sur le quai l’arrivée de la navette. Une fois à bord, il alla s’appuyer au bastingage de la proue. Les hommes de pont larguèrent les amarres, et le bateau mit le cap sur le continent. Tourné vers le large, Avery devinait la silhouette grise de deux tankers à l’horizon ; il se demanda où ils allaient. Droit devant s’étendaient les côtes de la Louisiane, une longue bande de sable blanc adossée à une forêt fournie. A gauche, on voyait les marais et leurs champs d’herbe à alligators, les troncs brisés des cyprès à moitié immergés. Un voilier sortit de la lagune en louvoyant. »