Quelques braises et du vent
de Serge Bruneau

critiqué par Dirlandaise, le 27 août 2012
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Une famille et une rivière
La famille de Marc est loin d’afficher le modèle de la famille parfaite : la mère est décédée, le père Victor un alcoolique n’attendant plus rien de la vie passe ses journées dans un bar en compagnie de ses amis tout aussi ivrognes que lui, Marie est serveuse dans un restaurant médiocre, militante écologiste et écrivaine à ses heures, Karl est un homosexuel fréquentant la haute société du village de Rivière-Sainte-Camille grâce à son amant médecin rencontré lors d’un de ses séjours à l’hôpital. Et encore une fois, sous la plume douce de l’auteur, tout ce petit monde se débat avec la vie, endure des épreuves, lutte afin de réaliser ses rêves et surtout, forment un trio inséparable malgré leurs différences de caractère et de mentalité.

Marc le narrateur, voit approcher la quarantaine avec angoisse. Il pense souvent à l’époque de sa gloire alors que les filles se retournaient sur son passage et regrette un peu cette jeunesse perdue. Il voue un véritable culte à sa sœur jumelle Marie dont il est un brin amoureux. Malgré la déchéance du père, contrairement à ses autres enfants, il ne l’a jamais abandonné et lui rend régulièrement visite dans son repaire d’ivrognes et de déchets humains qui constituent l’entourage social habituel de Victor.

Et il y a Marie et son combat écologiste. Une manifestation monstre est d’ailleurs projetée afin de protester contre le barrage affaiblissant la rivière Sainte-Camille et créant un lac artificiel dont les rives sont occupées par les villas des bien-nantis au détriment des habitants du village qui ne peuvent même plus avoir le moindre petit accès au lac.

J’aime bien le style tout en douceur de Serge Bruneau. Il est agréable de parcourir son récit car sa plume délicate trace sur fond de rivière agonisante une saga familiale savoureuse truffée de tendresse, de complicité, de rage de vivre et d’opiniâtreté devant les coups durs que la vie ne se prive pas de placer sur le chemin du trio dépareillé que forment les enfants de Victor.

Grosse frustration cependant car une quinzaine de pages sont absentes de mon édition. En fait, quinze pages sont dédoublées donc je n’ai pu lire un bout de l’histoire et je trouve inacceptable de vendre un livre avec un tel défaut de reliure. J’ai d’ailleurs écrit à la maison d’édition pour leur signaler le fait.