Je pense, donc je me trompe, les erreurs de la science de Pythagore au big-bang
de Jean-Pierre Lentin

critiqué par Bolcho, le 26 novembre 2002
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
« Les erreurs de la science de Pythagore au Big Bang »
« Selon un sondage récent, un Français sur trois pense que la Terre est immobile au centre du système solaire. ». Bon, vous n'êtes pas Français dites-vous ? Ou bien pas « récents » comme le sondage ? Ou bien encore, vous savez très bien que la Terre n'est pas immobile au centre du système solaire puisqu’elle y danse la samba ? Bref, vous ne faites pas partie du tiers qui se goure. Tant mieux.
Voici un livre qui décrit les scientifiques faisant erreur. Et encore erreur. Erreurs sur erreurs. Et de toutes ces bourdes naissent parfois des résultats justes. Inversement, on trouve nombre de raisonnements impeccables qui aboutissent à des conclusions fausses. La vie est d’une richesse infinie quoi. La lecture du bouquin est tonique, amusante, surprenante. Les plus grandes gloires de la science ont eu leurs faux-pas, ce qui ne diminue en rien leurs mérites pour le reste. Les erreurs sont utiles. L'auteur ne cesse d'insister là-dessus. Et le rétablissement de la « vérité » ( ??) n'a pas forcément que des vertus. Exemple. On a mis des siècles a démontrer que la théorie de la « génération spontanée » était fausse (c'est l'idée suivant laquelle un grand nombre de petits animaux naissent spontanément, sans géniteurs). Pasteur en apporte la preuve en 1864. Et, chose curieuse et désolante, cette démonstration sonne le glas du darwinisme à peine né ! C'est que l'idée de génération spontanée était en même temps soutenue par les athées et matérialistes de tout poil : ils y voyaient l'occasion de faire l'économie de la création divine. Comme quoi il y a génération spontanée de l'erreur. Et lorsqu'on dit erreur, c’est parfois parce que l’on est poli. L'affaire du crâne de Piltdown (un faux « premier homme ») sent à plein nez l'arnaque. Il semblerait que les Anglais aient eu besoin, en 1912, de trouver sur leur sol des ancêtres présentables qui pouvaient concurrencer le « Cro-Magnon » des Français ou le « Neandertal » des Allemands. Et Teilhard de Chardin était sans doute dans le coup, mais rien que pour rigoler un bon coup. La bonne blague n’est démontée qu’en 1949. Ne crachons pas trop sur les erreurs. Et méditons le dernier paragraphe du livre. « Nous sommes les fruits des milliards de mutations génétiques, ces erreurs de transmission sur les réseaux du vivant, qui ont donné naissance à la diversité biologique. (.) Il n’y a pas de plus bel exemple de créativité errorologique. Clamons-le donc avec fierté : nous sommes tous des erreurs ! »