La grande évasion tome 2: Le labyrinthe
de Mathieu Gabella (Scénario), Stefano Palumbo (Dessin)

critiqué par Shelton, le 7 septembre 2012
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Surtout, ne vous perdez pas !
Lorsque j’ouvre une nouvelle bande dessinée, surtout si elle est vendue comme la première d’un nouveau concept, j’ai toujours quelque méfiance au fond de moi, une trace de prudence qui ne me quitte pas depuis que, comme de nombreux lecteurs, je me suis fait gruger en me retrouvant avec une histoire sans queue ni tête ou dessinée à la va-vite… Bien sûr, je le reconnais, il y a, aussi, d’excellentes surprises, avec des albums d’une extrême qualité dont nous ne nous remettons que très lentement tant la lecture nous a secoués… Et, je crois, que c’est ce que je viens de vivre avec Le labyrinthe de Mathieu Gabella et Stefano Palumbo !

Lors du dernier festival d’Angoulême, j’avais bien entendu Guy Delcourt, éditeur, vanter les mérites de ce nouveau concept, La grande évasion. Mais un éditeur qui dit du bien de ses productions, c’est normal, c’est le moins qu’il puisse faire. Donc, je n’avais pas été convaincu à 100%. Certes, le fait d’avoir comme scénariste Mathieu Gabella pour le premier album me rassurait car j’ai adoré sa série La Licorne. Donc, il ne me restait plus qu’à ouvrir l’album et me faire ma propre opinion…

Dès le départ, je me suis senti pris au piège. Pas au piège de la médiocrité, non, celui d’un suspense effroyable. J’étais comme enfermé dans le labyrinthe en compagnie de ces experts – mathématiciens, médecins, biologistes, physiciens… et autres – pour trouver une sortie salvatrice. Dans le cas contraire, le Tombeau de Dédale qu’ils explorent deviendra leur tombe, la mienne aussi comme lecteur tant je me suis incarné dans ses personnages en quête d’air frais…

Explorer la Tombe de Dédale, c’est aussi plonger dans la mythologie, se souvenir de ces personnages que j’avais croisés lors de mes cours d’histoire et de grec : Icare, Dédale, Ariane, le Minotaure… c’est loin, mais très rapidement certaines images reviennent et la terreur nous envahit. Que va-t-il se passer au cœur de la terre ? Le minotaure existerait-il réellement ? Arrêtez de sourire ! Je sais bien que c’est une fiction, mais le temps de la lecture, j’ai quand même bien le droit de rêver un peu, d’avoir peur, d’y croire… Non ?

D’autant plus que vous n’avez pas idée de ce que Mathieu Gabella est en train de vous raconter… Plus on avance, plus la tension est palpable et pas seulement chez les personnages de l’album, chez le lecteur aussi… j’ai dû cesser deux fois la lecture pour reprendre mon souffle. Oh, pas longtemps car le suspense est tel que l’on se précipite rapidement sur la bédé, mais quand même, on a besoin de pauses…

J’ai eu un peu de mal, au départ, avec les têtes des personnages. En effet, je trouve que le dessin de Stefano Palumbo, pour les visages, est un peu rude, anguleux, peut-être pas assez distinctif pour le lecteur. Par contre, pour certaines scènes d’action je l’ai trouvé totalement à la hauteur avec une narration graphique explosive qui m’a enchanté… Par exemple à la page 61 que je trouve très réussie… Les alternances d’images contemporaines et mythologiques, voire historiques, est particulièrement adaptée à la lecture et les couleurs participent totalement à la narration. Donc félicitation particulière à Lou, coloriste de l’album !

Un très bon album pour commencer ce concept La grande évasion, c’est un one-shot, donc un album sans suite directe que vous pouvez prendre plaisir à lire… à condition de ne pas être victime de claustrophobie, d’achluophobie, de kénophobie, de taphophobie ou tout simplement de phobophobie (peur d’avoir peur, tout simplement !).

Une excellente bande dessinée pour commencer cette année scolaire en beauté !