Les Noronsoff de Jean Lorrain

Les Noronsoff de Jean Lorrain

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pucksimberg, le 11 septembre 2012 (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 719ème position).
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Un héros décadent dans toute sa splendeur et toute son horreur

Depuis 1415, les Noronsoff sont maudits à cause d'un envoûtement exercé par un bohémien qui a souhaité se venger de Wladimir Noronsoff. En effet, ce dernier a avili la compagne du bohémien, en échange l'homme offensé a rendu l'épouse Noronsoff nymphomane. Wladimir ne supporte pas une telle situation et écrase le crâne de son épouse entre deux pierres. Depuis ce jour, les descendants des Noronsoff subissent des sursauts de cette malédiction.

Le docteur Rabastens est le narrateur de ce roman et narre la vie décadente du dernier Noronsoff qu'il a connu et qui vivait dans une magnifique demeure à Nice en compagnie de sa chère mère Benedetta Noronsoff.

Ce Wladimir, dernier de la lignée, est ébloui par le luxe. Sa demeure regorge de beaux tissus, de magnifiques pierreries, d'animaux exotiques. Lui-même est un véritable dandy, ses mains sont recouvertes de bagues, il se maquille parfois et se montre très fasciné par la beauté. Il ne cesse d'organiser des fêtes grandioses où sont invitées de nombreuses personnes qui sauront l'occuper. Lassé, il les abandonnera comme de vulgaires jouets. Il incarne parfaitement le héros décadent fin de siècle. Il aime choquer, veut que l'on parle de lui, est orgueilleux et se montre capricieux. La Famille Noronsoff a un passé peu enviable, surtout à cause des fêtes organisées où le viol était considéré comme un moyen de s'amuser et où la corruption était une stimulation sexuelle. N'en déduisez pas que le roman est érotique, ce n'est absolument pas le cas. Le roman est la peinture de la déliquescence d'un homme russe.

Le personnage principal est malade, son corps semble moisir et en bon héros décadent il semble prendre plaisir à voir cette pourriture se développer. A cet être méprisable ( j'aurais bien volontiers écrit "tordu" ... mais ça ne se fait pas ) est confrontée sa mère, aimante, souffreteuse et complètement paniquée par les débordements de son fils. Jean Lorrain suggère souvent l'image symbolique et respectable de la Pietà, avec une Marie plutôt fidèle, mais un Jésus peu conforme. Wladimir ressemble à ces empereurs romains débauchés, ses fêtes orgiaques sont à la mesure des célébrations antiques. Pendant quelques secondes, j'ai pensé aussi aux fêtes organisées par Gatsby, le héros de Scott Fitzgerald, mais l'on en est bien loin. Gatsby est un ange par rapport au personnage de Jean Lorrain. Selon certaines notes, Lorrain qui vivait avec sa mère se serait projeté dans ce roman qui reflèterait la trouble relation que l'écrivain entretenait avec sa mère ...

Si vous souhaitez goûter à la réputation sulfureuse des romans décadents, celui-ci en est l'un de meilleurs exemples. Le lecteur n'éprouve aucune sympathie pour ce personnage qui dégoûte, agace, révolte ... L'écriture est de qualité, esthétique, riche et imagée.

Une oeuvre dérangeante, très parlante pour appréhender l'oeuvre des décadents.

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Excellent

9 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 7 mars 2015

Un excellent petit roman sur la fin de siècle, le personnage principal, un prince russe exilé sur la Côte d'Azur, est un 'fin de race' immonde tant moralement que physiquement (il est malade, il semble pourrir), qui vit dans la décadence la plus absolue.
Ca se lit très facilement, ne s'oubliera pas aussi facilement. Vraiment remarquable.

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