Beaux seins, belles fesses : Les enfants de la famille Shangguan
de Mo Yan

critiqué par Being, le 15 septembre 2012
( - 32 ans)


La note:  étoiles
Histoire & histoire
La littérature chinoise a ceci de commun avec l'Histoire de Chine qu'elle est relativement méconnue. Enfin, pour cette dernière, c'est un peu moins le cas. L'invasion japonaise, le Maoïsme, le néo-capitalisme à la sauvage, voilà toutes les époques que recouvre le roman de Mo Yan, Beaux seins, belles fesses.

A l'instar d'une Chine chaotique, dont les campagnes suintent la guerre civile et le terrorisme politique, la vie de la famille Shangguan connaît un chemin bien difficile. Bouleversée par les différents destins de ses enfants, elle doit connaître en plus une misère drastique. C'est sous les yeux du huitième enfant, et unique fils de cette famille que se déroule l'Histoire de Chine, et l'histoire de cette famille, Jitong.

Insouciant, naïf, voilà comment on pourrait présenter ce personnage, qui voue un étrange obsession pour le sein maternel, puis pour les seins en général. Du coup, l'Histoire et l'histoire romancée par la plume de Mo Yan et ce, dans un excellent style, s'en trouve beaucoup plus légère, presque poétique lorsqu'elle drague les mythes et les légendes chinoises. Un roman "historique" teinté de fantastique, d'érotisme, mais aussi d'humour. On n'en ressort pas moins ébranlé.
Une famille chinoise 8 étoiles

Toute une fresque que nous offre ici Mo Yan en racontant l’histoire de la famille Shangguan par le biais du plus jeune fils Jintong. Tout débute lors de la naissance de Jintong alors que la Chine subit l’invasion des troupes japonaises en 1938. La mère de Jintong doit élever seule sa famille car le père est tué par les envahisseurs. Mais avant d’aller plus loin, je conseille aux futurs lecteurs de cette saga de commencer par lire la dernière partie du livre car on y retrouve l’histoire de la mère de Jintong et j’aurais bien aimé connaître ces faits car cela aurait éclairé toute ma lecture car Mo Yan commence bien abruptement son récit et ne nous laisse pas la chance de se familiariser avec chacun des personnages. Mais pourquoi avoir placé cette partie à la toute fin, je me le demande. Cela n’aide en rien les lecteurs à apprécier cette terrible fresque familiale dans une Chine en proie aux bouleversements occasionnés par la guerre, le communisme et finalement le vulgaire capitalisme avec ses avantages et ses multiples inconvénients.

Enfin, nous suivons Jintong et sa famille sur une période d’une cinquantaine d’années. La famille connaît bien des malheurs et des drames. Elle survit difficilement et perd plusieurs de ses membres de façon tragique et violente. D’ailleurs, la violence imprègne profondément ce livre, la violence et le sang car Mo Yan se plaît à décrire les scènes de massacres, de tueries, de viols et de vengeance avec force détails répugnants. J’ai eu parfois du mal à poursuivre ma lecture car le style de Mo Yan est souvent déroutant. Il s’attarde à décrire les moindres détails et cela prend des pages et des pages d’où la longueur du livre. Certaines de ses comparaisons sont d’une absurdité grotesque mais le livre est riche en histoire donc il vaut la peine de s’y accrocher surtout si vous voulez connaître la genèse de la famille Shangguan racontée dans la dernière partie.

Le livre a longtemps été interdit en Chine. L’action se situe dans le village de Dalan situé au nord-est du comté de Gaomi, lieu de naissance de Mo Yan. Un récit terrible mais profondément humain.

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 14 décembre 2014