La lignée, Tome 2 : Marius 1954
de Olivier Berlion (Scénario), Jérôme Félix (Scénario), Laurent Galandon (Scénario), Damien Marie (Scénario), Xavier Delaporte (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 20 septembre 2012
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Une BD du tonnerre de Brest !
Un très bel hommage pour une espèce en voie de disparition : le catholique de gauche. De manière plus sérieuse, ce titre évoque l'expérience des prêtres ouvriers et l'influence d'idées anarcho-syndicalistes dans les milieux chrétiens situés dans une tradition romaine. Voici le second volume d'une histoire familiale dont les points d'ancrage successifs sont 1937, 1954, 1974 et 1994. Si l'action démarre avec l'année 1941, elle ne s'y éternise pas et elle est destinée premièrement à nous préparer à apprendre ce que le héros ignorera toute sa vie, à savoir qu'il a été père. Toutefois il s'agit avant tout de mettre en scène le moment où le héros Marius (alors très jeune ecclésiastique) apprend que sa destinée est comme celle de ses ancêtres de périr l'année de ses 33 ans. Ce qui fait le lien entre tous les albums de cette série étant dit, on peut sans difficulté lire ce volume sans connaître le premier. Un saut de treize ans nous transporte dans la ville de Brest du milieu des années cinquante en plein conflit social. Pour tenter de résoudre les difficultés matérielles d'une partie de la population de la ville, un prêtre-ouvrier joue ponctuellement au cambrioleur avec quelques complices. Par une suite de circonstances la clé d'un coffre leur est livrée et à l'intérieur, les cambrioleurs découvrent une plaque destinée à l'impression de faux-billets. Se sentant suivi, ce prêtre-ouvrier remet à Marius cet objet et il décède juste après. Marius est alors contacté par un personnage se présentant comme un camarade de la Résistance du prêtre-ouvrier. La plaque n'est utile qu'avec le papier adéquat et c'est dans la tentative de récupérer ce papier que Marius connaît une mort héroïque dont les circonstances et les implications sont magistralement mises en scène en s'inspirant d'un fait divers daté de 1947. On note que l'abbé Pierre est présenté comme décidant d'être le moteur de l'action qui fut la sienne en 1954 en apprenant la conclusion de l'aventure de Marius. Les illustrations mettent bien en valeur dans un style réaliste la dimension tragique et mystique du récit.