Une histoire populaire de l'humanité : De l'âge de pierre au nouveau millénaire
de Chris Harman

critiqué par Elya, le 23 septembre 2012
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
L'Histoire ; point de vue d'un communiste
Du même registre que la succulente Histoire populaire des sciences (Clifford Conner), L’Histoire populaire de l’humanité revisite les époques sous l’éclairage (et tantôt la pénombre) du regard marxiste. Si le but annoncé est de rendre compte des évènements du point de vue des participants, le rendu est tout autre : il s’agit de dresser l’apologie du communisme et de condamner l’horripilant et prolifique capitalisme. Quel dommage que le discours de l’auteur soit aussi partisan et manichéen quand on réalise l’ampleur du travail d’historien fourni.

L’histoire de l’humanité peut être grosso modo divisée en 2 parties ; avant et après l’apparition des classes sociales (et surtout de la propriété privée et de la hiérarchie), récente selon Harman. La préhistoire est dite « la période du communisme primitif ». Le discours relatant cette période a des relents finalistes ; l’homme a un cerveau de plus en plus gros car cela lui est nécessaire. A la lecture de cette première partie, une mauvaise impression nous assaille : l’auteur ne trierait-il pas ses sources, ou du moins, ne relèverait-il pas seulement celles qui vont dans son sens (cf Richard Lee) ?
L’essor de nombreuses civilisations, apparue indépendamment l’une de l’autre à différents endroits du globe, permet d’énoncer qu’il n’y a pas de peuple supérieur. A travers les siècles qui ont suivi, les peuples n’ont cessé d’élaborer des sociétés avec des moyens et des résultats différents, mais en poursuivant le même but ; survivre malgré les différents facteurs externes pouvant entraver leur quotidien, qu’ils soient environnementaux ou sociétaux. Jared Diamond aborde aussi cette problématique de manière beaucoup plus pédagogue et objective dans De l’inégalité parmi les sociétés et Effondrement. Ces sociétés et particulièrement leur organisation politique ont alors engendré des évènements mettant en péril la survie de l’homme : oppression des femmes, esclavage, famines, génocides, guerres mondiales… qui perdurent encore aujourd’hui. Il s’agit tout du moins de la thèse de C Harman.
J’aime la faculté qu’ont ces auteurs de casser les mythes (mythes qui nous sont souvent enseignés à l’école), notamment ici celui de la période dite glorieuse de l’empire romain, alors qu’en réalité, il y a eu peu d’innovation et beaucoup d’esclavage à cette époque. Ou encore la période révolutionnaire aux Etats-Unis, qui fut en réalité extrêmement sanglante.

Malgré certains passages captivants et essentiels pour comprendre les origines de notre société du 21ème siècle, cette lecture ne me semble pas incontournable. Sa conclusion ravira certains pendant qu’elle en fera grimacer d’autres mais dans tous les cas ne me semble pas appropriée pour un livre d’histoire.