Pour seul cortège de Laurent Gaudé

Pour seul cortège de Laurent Gaudé

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par TRIEB, le 26 septembre 2012 (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 73 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (23 220ème position).
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L'APPARTENANCE D'ALEXANDRE

« A qui appartiens-tu, Alexandre ? » Cette question est posée dès les premières pages du roman de Laurent Gaudé dont le décor est situé au temps de l’empereur Alexandre .Au cours d’un banquet à Babylone, ce dernier s’écroule, victime d’une fièvre qui le terrasse.

Ses généraux se pressent autour de lui, entrevoient les réorganisations possibles de l’empire, les ambitions se dessinent, s’affirment. Il y a dans le roman toute une série de réflexions et constats sur les empires, leurs traces , leur durabilité, leur cruauté , leur grandeur aussi ;L’hommage rendu à cet empereur sera alors de rejoindre le cortège de ses funérailles , d’où le titre du livre .

L’écriture de Laurent Gaudé , sobre et efficace , précise , nous séduit ; il sait nous transmettre le souffle de l’histoire antique, les drames et dilemmes des grands personnages de l’histoire , dont la récompense posthume semble être d’entrer dans la légende: « A qui appartiens-tu ? A mes compagnons lancés au galop dans la plaine et à l’éternité qui s’ouvre devant moi. »

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Grandiose fresque polyphonique autour de la mort d’Alexandre

8 étoiles

Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 89 ans) - 17 novembre 2013

Fidèle à lui-même et notamment dans le sillage de La mort du roi Tsongor, Laurent Gaudé nous offre ici une fresque impressionniste et poétique avec pour sujet la mort à Babylone d’Alexandre le Grand.

Plusieurs voix concourent alternativement pour nous décrire les événements qui, de l’agonie d’Alexandre au démembrement de son empire, ou du voyage du catafalque à la subtilisation de la dépouille, auront violemment marqué ce début du 4ème S. avant J-C.

Et c’est ainsi que la fille de Darius, Dryptéis, mais aussi les frères d’armes d’Alexandre, Ptolémée, Perdiccas et les autres, confieront tour à tour leurs états d’âme dans le silence de la méditation ou dans le fracas des batailles livrées pour la succession.

L’auteur n’hésite pas à user du fantastique pour faire parler l’âme des disparus et guider ainsi les vivants qui hésitent avant d’accomplir le destin qu’ils se sont choisi.

Pour qui veut s’immerger dans la poésie et les sons de ce roman particulièrement évocateur de cette époque, il est conseillé de le lire d’une traite : il est relativement court !

Difficile d'accompagner un tel cortège

5 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 30 novembre 2012

Autant j'avais été séduit par "La mort du Roi Tsangor", antant ici je reste franchement sur ma faim. Le romancier laisse trop de place à l'imaginaire, ce qui rend le récit difficile à suivre.

J'apprécie certainement le style de l'auteur qui est d'un haut niveau ; cela m'a au moins permis d'aller jusqu'au bout, mais il ne sauve pas ce roman.

Pour conclure, j'estime que si un auteur, même avec un très bon niveau littéraire, ne fait aucun effort pour accrocher le lecteur, voire l’égare, il m'est pour moi impossible de considérer qu'il a commis un bon roman.

Alexandre le Grand, personnage mythique, légendaire

9 étoiles

Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans) - 12 novembre 2012

Un cortège qui mène les intervenants autour de la personne d’Alexandre le Grand. Une cavalcade funéraire qui porte son âme aux confins de son empire.
Jeune quadragénaire, Laurent Gaudé a déjà récolté pas mal de lauriers avec La mort du roi Tsongor (prix des libraires et Goncourt des lycéens) et Sous le soleil des Scorta (prix des Lycéens). Après Ouragan où l’auteur évoque les moments tragiques vécus par les habitants de la Nouvelle-Orléans, voici Pour seul visage, un roman saupoudré de fantastique.
A Babylone, Alexandre le Grand est malade, empoisonné ? Il sent sa fin arriver et tous se pressent à son chevet. Dans son roman, Laurent Gaudé suit la trace de Dryptéis, fille du roi perse Darius et liée à Alexandre. Et c’est une formidable chevauchée avec le cadavre d’Alexandre qui se prolonge jusqu’à l’Indus, voire le Gange. Ce cortège funèbre est la proie des généraux d’Alexandre qui s’entredéchirent l’Empire. C’est une lutte sanglante.
Dans ce roman, Laurent Gaudé joue avec une palette élargie. Le lecteur ne peut rester insensible à la poésie qui se dégage des descriptions des lieux. Malgré ce long voyage qui pourrait être monotone, il y a toujours un élément neuf qui fait rebondir l’action. La double ouverture peut parfois désarçonner le lecteur mais il relance à chaque fois l’intérêt de la lecture. La dernière partie du roman peut s’apparenter à un récit mythique tant par les faits extraordinaires qui s’y déroulent que par le dialogue mental entre Alexandre et son dernier quartier de fidèles.

Le prix de la fidélité

5 étoiles

Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 1 novembre 2012

Comment un grand meurt-il ? Comme tous les hommes, mais ceux qui restent se répartissent entre les loups qui s’entredéchirent l’héritage et les fidèles qui font mémoire. Pour Alexandre le Grand, les fidèles, dont Dryptéis, organisent un cortège pour ramener sa dépouille en Macédoine.
Pour accomplir sa mission, Dryptéis a dû laisser derrière elle son fils nouveau-né afin de le protéger de l’Empire et de ceux qui n’ont pas hésité à tuer sa sœur et l’enfant qu’elle portait parce qu’il aurait pu prétendre au trône. Elle n’aura de cesse de le retrouver. De même, un militaire est parti en Inde défier le roi au nom d’Alexandre, tout en sachant qu’il y perdrait la vie. Dryptéis encore se sacrifie plus tard pour protéger un secret. Tous ces fidèles sont prêts à donner leur vie pour celui qu’ils vénèrent (?) (car d’amour, il est fort peu question).
Ce roman est typique de Laurent Gaudé : tout est dans les sensations ; les faits passent au second plan. Il exalte la liberté, traduite par l’amour des grands espaces, des conquêtes, les âmes qui continuent de vivre leur vie après la mort et parlent aux vivants. C’est peut-être très bien écrit, mais je n’apprécie décidément pas ce style à sa juste valeur sans doute. L’idée de sacrifice m’horripile, d’autant plus lorsqu’il est perpétré en faveur d’un conquérant sanguinaire. N’a-t-il pas déjà fait couler assez de sang ?

La mort d'Alexandre

9 étoiles

Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 18 octobre 2012

Le destin de cet homme exceptionnel fascine toujours autant ( je ne suis pas sûr qu'on en parle encore dans les écoles...) et les circonstances de sa mort en 323 av JC restent mystérieuses. Sa succession fut agitée, c'est le moins qu'on puisse dire.

Ce sont ces évènements qui servent de cadre au roman de Laurent Gaudé, roman parce qu'il n'hésite pas à compléter la réalité historique ( ou ce qu'on en sait...) et à se projeter dans l'imaginaire, le tout en une langue puissante et claire.

Le personnage central, c'est Dryptéis, fille de Darius et belle-soeur d'Alexandre. C'est par ses yeux que nous allons découvrir les intrigues de la cour impériale, les trahisons des fidèles, les rêves des uns, les désespoirs... Le récit nous conduira jusqu'au bord du Gange, une contrée qui fut pour Alexandre une "frontière".

Magnifique ! On peut rappeler la biographie plus classique d'Alexandre écrite il y a longtemps déjà par Benoist-Méchin mais rééditée récemment...

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