Sonietchka de Ludmila Oulitskaïa
( Sonečka)
Catégorie(s) : Littérature => Russe
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Sonietchka ou le bonheur immérité...
Comment ne pas être attirée par une héroïne qui, nous dit l'auteur, "tombe en lecture comme on tombe en syncope"? Pour Sonietchka, les personnages imaginaires sont aussi vivants que ceux qu'elle côtoie tous les jours.
Dans la Russie des années 30, elle s'évade ainsi d'une vie terne et sans grâce, jusqu'au jour où, dans la pénombre de la réserve d'une bibliothèque, elle rencontre Robert Victorovitch, un peintre plus âgé qu'elle, qui la demande en mariage. Sonia s'éveille alors d'un long sommeil, se voue corps et âme à ce mari qui l'éblouit, à sa fille Tania, à ce bonheur insoutenable et immérité à ses yeux.
Tellement immérité que lorsque Robert consacre les dernières années de sa vie à une jeune maîtresse, Sonia malgré son chagrin est comme soulagée du poids trop lourd de ce bonheur qui lui avait toujours paru illégitime. Et comme si une parenthèse se refermait sur la vie, Sonia replonge la tête la première dans les livres et la magie des mots. Un superbe portrait de femme qui m'a rappelé à certains égards "la femme de Gilles" de Madeleine Bourdouxhe. Ce personnage émerveillé par son bonheur, et qui puise dans la fiction des livres ce qu'elle ne trouve pas ou plus dans sa propre vie m'a beaucoup touché. Autour d'elle se dessine la Russie d'après-guerre, ballottée entre la grisaille du communisme qui s’essouffle et les aspirations des générations nouvelles.
Les éditions
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Sonietchka [Texte imprimé] Ludmila Oulitskaïa trad. du russe par Sophie Benech
de Oulitskaïa, Ludmila Benech, Sophie (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio.
ISBN : 9782070404261 ; 5,00 € ; 14/04/1998 ; 108 p. ; Poche -
Sonietchka
de Oulitskaïa, Ludmila Benech, Sophie (Traducteur)
Gallimard / Du monde entier
ISBN : 9782070738724 ; EUR 13,00 ; 02/04/1996 ; 120 p. ; Broché
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La vie comme une parenthèse !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 11 novembre 2017
"Sonietchka" est son 1er roman publié en 1955 en Russie et traduit en 1996 en France (Gallimard)
La même année, elle reçoit le prix Médicis étranger pour Sonietchka.
La jeune Sonietchka (diminutif de Sonia) est "tombée en littérature" dès sa plus tendre enfance. C'est tout naturellement qu'elle rejoint une bibliothèque.
Un peu comme tombée du ciel, elle accepte la demande en mariage de Robert Victorovitch, un peintre plus âgé qu'elle de retour d'Europe et mis à l'index par le régime stalinien.
Elle va alors consacrer tous ses instants à sa fille (Tania) et son mari, intimement convaincue qu'elle ne mérite pas ce bonheur familial.
Tania est une jeune fille délurée, qui délaisse les études et multiplie les expériences amoureuses.
Elle se liera d'amitié avec Jasia, une jeune polonaise orpheline, principalement préoccupée par son ascension sociale et ne reculant devant aucun sacrifice pour gravir les échelons.
Cette dernière "occupe" rapidement le foyer familial de son amie et devient la maîtresse affichée de Robert.
Tania rejoint Saint-Pétersbourg, Robert meurt et Jasia retrouve sa Pologne natale.
Sonia referme la parenthèse de sa vie. Elle retrouve sa solitude passée et ses livres alors que la côte du peintre "Victorovitch" flambe.
Un 1er roman très court (une centaine de pages), émouvant, comme une parenthèse.
En toile de fond, la Russie des années 40 à 60. Le collectivisme, la misère profonde et la censure.
Mais également, une création artistique débridée.
3 portraits de femmes comme autant de visages d'une Russie changeante.
Un court moment de grâce comme la littérature russe sait en produire !
Le bonheur tranquille de la perfection du verbe
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 21 février 2016
Rédigé au passé simple, ce récit d’une centaine de pages donne l’impression qu’on entre dans un conte dont l’héroïne est Sonietchka, jeune femme quelconque et discrète mais atteinte d’un amour immodéré pour la lecture, amour qui peut être considéré comme « la forme bénigne d’une aliénation mentale »mais qui lui procure « le bonheur tranquille de la perfection du verbe ».
Le second secret de sa plénitude réside dans le fait d’aider les autres à s’accomplir, dût-elle y perdre elle-même une part de son équilibre. « Comme la vie est bien faite » considère-t-elle …
On parle à présent de « feelgood movies » des films qui font du bien, pourquoi ne parlerait-on pas des feel good books ? A coup sûr, pour moi, SONIETCHKA en représenterait un.
Non seulement en raison de la personnalité de l’héroïne du récit, mais aussi en raison de l’écriture de l’épure, de l’art de la litote que maîtrise ici Ludmilla Oulitskaïa. Quelques mots, une comparaison lui suffisent à caractériser un personnage ou une situation. Tout est dans le non-dit. Elle évoque Sonietchka sans mièvrerie, avec tendresse, parfois aussi avec un peu d’humour mais sans la juger ni la présenter comme un modèle de sagesse .
A chaque lecteur, selon sa sensibilité de laisser cheminer en lui l’image du personnage. Pour moi, elle présente les caractéristiques de ceux à qui, dans le discours des Béatitudes sont promis le Royaume des cieux, elle fait partie des cœurs purs, des doux, des miséricordieux, des artisans de la paix. Pourtant, c’est sur terre que Sonietchka trouve dès à présent sa récompense.
Une possédée de lecture!
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 11 novembre 2015
J’aimerais quant à moi un peu parler de la très belle écriture de Mme. OULITSKAÏA
Je dois dire que j’ai aimé, que dis-je, adoré cette écriture simple, claire, toute en douceur, toute en émotion, ciselée, belle, très poétique, presque monotone… Dans la continuité même de tous les grands écrivains russes dont parle le livre. Il n’y a pas ici d’action, de retournement, de trahison, de surprises, le livre est tout en simplicité et en douceur.
Enfin, un mot des personnages, en particulier de Sonia bien sûr (qui n’a pas été sans me rappeler celui de « Beauté » dans le livre « Les neiges bleues » de Piotr BEDNARSKI), qui est une figure magnifique de par sa tendresse, son amour, sa sérénité, sa simplicité, son altruisme et qui dégage une aura dont je me souviendrai sans doute très très longtemps…
Un pur moment de bonheur !... Je ne peux que vous conseiller de laisser Sonia entrer dans votre vie et… L’illuminer !...
Rappelons que « Sonietchka » à reçu le Prix Médicis étranger en 1996.
Mme. OULITSKAÏA a également reçu le Prix Booker russe en 2001, le Prix Simone de Beauvoir en 2011 et le Prix Park Kyung-ni en 2012.
Comme un tableau de Chagall
Critique de Fee carabine (, Inscrite le 5 juin 2004, 50 ans) - 15 juin 2004
Pour répondre à la question de Libris Quebecis:
Non, en tant que "jeune femme occidentale moderne", je ne me reconnais pas dans ce personnage de femme qui ne vit que par ses livres et par sa famille (même s'il m'arrive parfois de me plonger dans un livre au point d'oublier complètement le monde extérieur). Mais cela ne me parait pas très important. Je ne peux pas non plus m'identifier au personnage de Tora ou à Laudes-Marie Neige-Daout, mais cela ne m’empêche pas de trouver que la trilogie d'Herbjorg Wassmo et la Chanson des Mal-Aimants de Sylvie Germain sont des livres magnifiques! La lecture permet certes de se découvrir soi-même, mais aussi de découvrir des mondes ou des cultures complètement différents de ceux dans lesquels nous vivons, et de "rencontrer" des gens que nous ne pourrions pas rencontrer dans la "vraie" vie. Pour moi, "Sonietchka" rentre dans cette 2ème catégorie, et c'est très bien ainsi...
Vivre par procuration
Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 12 décembre 2002
Il me semble que Ludmila Oulitskaïa brosse le portrait d'une femme à qui personne ne voudrait ressembler. C'est une femme qui s'oublie totalement pour permettre aux autres d'être. En plus, se trouver heureuse d'être la servante d'autrui me semble le comble du mépris de soi-même. Il faut dire que l'auteur nous plonge dans la Russie des années 30.
L'héroïne pousse tellement loin son esclavage qu'elle s'accommode même sous son toit de l'infidélité de son mari.
Après sa mort, elle s'occupera même de son amante afin qu'elle puisse regagner sa Pologne natale.
Elle finira ses jours abandonnée de tous, même de sa fille partie avec son fiancé sans laisser d'adresse. Sonietchka a vraiment mené une vie triste et meurt finalement dans un hospice, seule comme un rat dans son égout.
Le grand talent de l'auteur, c'est de réussir à introduire le lecteur, grâce à la simplicité de son écriture, dans l'univers de cette femme qui ne demandait pas grand-chose à la vie. Ce n'est sûrement pas le modèle recherché par la jeune femme occidentale.
Ce roman reste quand même un beau portrait de ce que fut la femme dans un temps pas si lointain, mais aussi de ce qu'elle est encore quand on quitte l'Occident.
Un bon livre !
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 5 décembre 2002
Ludmila Oulitskaïa écrit très bien, pose bien ses personnages et crée des ambiances bien particulières. Comme beaucoup d'auteurs étrangers (américains ou autres) quand ils parlent de notre pays, elle cite des lieux de la guerre 14-18. Ici, son héros Robert aurait vécu deux mois avec Apollinaire avant que d'être envoyé au front à Ypres. Faulkner, Harrison, Auster (pour Waterloo), Hemingway, Roth, et bien d'autres ont fait de même.
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